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Stellantis vs Tesla: pourquoi il ne faut pas enterrer trop vite les constructeurs historiques

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La fusion entre les groupes PSA et FCA doit être validée ce lundi pour former le quatrième constructeur mondial. Pourtant, la capitalisation de la nouvelle entité est bien moindre par rapport à Tesla. Les constructeurs historiques sont-ils dépassés?

Jour J pour Stellantis. Ce lundi, les actionnaires de Peugeot et Fiat vont entériner le mariage annoncé en 2019 entre deux géants de l'automobile, le Français PSA et l'Italo-américain Fiat-Chrysler (FCA). Une fusion qui fera de la nouvelle entité le quatrième constructeur mondial avec ses 14 marques et ses quelques 8 millions de véhicules vendus (en cumulé) en 2019.

Mais le mastodonte est fragile. Les nouvelles normes anti-pollution, la transition énergétique à marche forcée et la crise économique qui pourrait bien se renforcer en 2021 n'offrent pas de perspectives forcément roses aux grands constructeurs automobiles. Tous ont peiné en 2020 et tous s'attendent encore à des années difficiles.

Le "géant" Tesla

Face à eux, un fabricant tire son épingle du jeu: Tesla. L'Américain a encore établi un nouveau record de livraisons de voitures au quatrième trimestre 2020, se permettant même le luxe de déjouer les pronostics les plus optimistes des marchés. Malgré des volumes de production très faibles (500.000 voitures en 2020) par rapport à la concurrence, le constructeur est devenu l'été dernier la première capitalisation boursière de l'automobile, dépassant Toyota. Depuis, le cours ne cesse de grimper, montrant la confiance des investisseurs pour Tesla.

Pour preuve: la valorisation boursière de la firme d'Elon Musk atteint 669 milliards de dollars, soit 66 fois celle de Renault et 16 fois celle de Stellantis. Une gigantesque bulle ou le chant du cygne pour les constructeurs historiques?

Stellantis est largement en dessous en terme de capitalisation par rapport à Tesla" mais "les perspectives sont quand même très bonnes avec ces synergies", indique ce lundi sur BFM Business Arnaud Aymé, associé chez Sia Partners, spécialiste des transports. Avec, en réalité, une question simple: "est-ce qu'il y a beaucoup de Français et d'Européens qui peuvent s'acheter des Tesla à 30.000 euros?"

"Le nouveau Stellantis est quand même un leader dans les petites automobiles" et c'est "surtout cette catégorie-là qui a du succès en Europe aujourd'hui", rappelle Arnaud Aymé. L'année dernière, c'était bien la petite 208 de Peugeot qui s'est hissée en tête des ventes de voitures particulières.

Des alliances entre constructeurs et spécialistes des nouvelles technologies

Il n'empêche, les historiques ont entamé leur mue pour justement éviter d'être totalement déclassés. La transition vers le tout électrique est évidemment vitale et PSA s'est allié avec une filiale de Totale (Saft) pour lancer une société commune de fabrication de batteries, base de l' "Airbus des batteries".

L'autre enjeu, c'est la voiture autonome où Tesla a pris de l'avance. Sur ce sujet, les GAFA sont aussi en pole. Selon Reuters, Apple serait toujours bien décidé à sortir un véhicule révolutionnaire d'ici 2024. Google avance toujours aussi sur son véhicule autonome.

Alors les grands groupes doivent aussi agir, même si leur taille les rend moins réactifs et forcément moins agiles. Pour le moment, ils ont surtout fait le choix des alliances avec des startup spécialisées dans l'intelligence artificielle et probablement des liens existeront avec les GAFA pour équiper les futurs véhicules.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business