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"On ne l'a pas vu venir": il y a cinq ans, l'Alsace était frappée de plein fouet par l'épidémie de Covid-19

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Le 17 mars 2020, la France se confinait pour faire face à l'épidémie de Covid-19. Quelques jours plus tard, un hôpital militaire de campagne était déployé à Mulhouse, l'Alsace étant particulièrement touchée par la propagation de la maladie.

Il y a cinq ans, le Covid-19 frappait durement l'Alsace provoquant la mort de plusieurs centaines de personnes. Tout a commencé dans la région le 26 février 2020 avec l'hospitalisation du premier patient atteint du virus au CHU de Strasbourg.

"Ce n'était pas un patient alsacien, c'était quelqu'un qui venait d'Italie. C'est quelqu'un qui avait voyagé. Globalement, on s'en souvient mais on n'avait pas la mesure de ce qui allait se passer quelques jours tard", se remémore Yves Hansmann, médecin infectiologue du centre hospitalier-universitaire au micro de BFM Alsace.

L'hôpital Albert Schweitzer de Colmar, qui avait réanalysé a posteriori des scanners thoraciques, avait soupçonné l'apparition des premiers cas en Alsace dès le 16 novembre.

Le cluster du rassemblement évangélique

Quelques jours plus tard, le premier cluster de France est identifié à Mulhouse. Il fait suite à l'organisation entre 17 et le 21 février d'un rassemblement religieux évangélique. Près de 2.000 personnes provenant de tout le pays avaient participé à cet événement.

À ce moment-là, "la France est en stade 1, c'est-à-dire que le virus n'est pas en circulation générale dans la population", s'était justifiée l'Église Porte ouverte, rappelant que le stade 2, qui a entraîné une interdiction des rassemblements de plus de 5.000 personnes, "n'a été passé que le 29 février".

Le 2 mars, l'épidémie passe à la vitesse supérieure avec une vague de contamination qui sature rapidement les services de l'hôpital civil Émile Muller à Mulhouse. Quelques jours plus tard, le 6 mars, le Haut-Rhin est déclaré "foyer de propagation" et les premières mesures de restrictions sont annoncées, limitant les rassemblements et fermant les établissements scolaires.

"Il y a un jour où l'on voit plein de personnes arriver à l'hôpital, en détresse respiratoire, qui ont besoin de soins importants, et c'est cette brutalité qu'on n'a pas vu venir. On se rend compte que pratiquement d'une minute à l'autre, ça y est c'est parti, on est dans la situation qu'ont connu les Chinois et les Italiens et que notre vie va changer", poursuit le médecin infectiologue.

Hôpital militaire de campagne

La solidarité hospitalière se met en place. Les patients alsaciens sont alors transportés dans d'autres établissements hospitaliers de l'Hexagone et aussi en Suisse et en Allemagne via des hélicoptères.

La saturation est telle à Mulhouse qu'un hôpital militaire de campagne d'une capacité de 30 lits, est ouvert le 24 mars sur le parking de l'hôpital Émile-Muller, une semaine après le début du confinement partout en France. Il y restera jusqu'en mai.

Le 11 mai, après un mois et 25 jours enfermés chez eux, le premier confinement est levé en Alsace. Ils seront à nouveau contraints de rester à domicile en octobre 2020 puis avril 2021.

Samileï Hoarau avec Florent Bascoul