L’iPhone Air ne vaut-il que par son design?

Il s’appelle iPhone Air, simplement, sans adjonction d'un quelconque numéro qui le rattacherait forcément à une famille ou une année. Un nom qui évoque de petites révolutions d'usage chez Apple - tout le monde connaît le Macbook Air et comment il a porté sur les fonds baptismaux les PC ultraportables. L'absence de numérotation ouvre évidemment la porte à toutes les supputations possibles sur la place à part qu’il doit occuper.
Comme l’iPhone SE en son temps, il pourrait être parti pour durer quelques années avec cette configuration... À la différence de ce dernier resté bien trop longtemps fidèle à son lecteur d’empreinte et ses grosses bordures d’écran, l’iPhone Air a un design prêt pour le futur. A moins qu'il n'échappe à une numérotation parce qu'il est un cheval de Troie, et là pour préparer un futur proche, une bascule vers de nouveaux facteurs de forme, et l'arrivée, attendue si ce n'est espérée, des iPhone dans le petit monde des pliants.
Quoi qu'il en soit, Apple fait de son design affiné un critère de choix et une façon de se démarquer, mais pas un argument principal. Et c’est sans doute là une bonne idée.
Car oui, il est difficile de ne pas s’arrêter d’abord sur son look. Même si ce n’est pas le but premier d’Apple, c’est un marqueur différenciant, comme Samsung a cherché à le faire avec son Galaxy S25 Edge. Difficile aussi de ne pas faire la comparaison avec les deux modèles qui avancent leur finesse. À 5,6 mm d’épaisseur (hors module photo), l’iPhone Air l’emporte d’un rien devant son concurrent (5,8 mm). Ce ne sont pas les 0,2 mm qui en font le vainqueur de l’ergonomie, c’est l’approche design.
Tout fin, mais costaud
Apple a opté pour un retour à la rondeur, avec des bordures courbes qui épousent la paume de la main, là où Samsung a voulu rester fidèle au style de la gamme Galaxy S25 et a assigné à son Edge les mêmes bords droits, juste moins épais. En main, le confort est forcément différent et l’iPhone Air fait mieux apprécier sa finesse, mais surtout sa légèreté (165 g - 20% de moins que l'iPhone 16 Pro et 30% plus fin). Il la doit aussi au cadre en titane recyclé à 80%, qui renforce aussi sa robustesse et sa résistance aux chocs, mais également à la déformation d’usage, les péripéties de l’iPhone 6 étant encore dans les mémoires d’Apple.
Car qui dit finesse dit soupçons de fragilité. Ce n’est pas sans raison que la marque a donc intégré du Ceramic Shield 2 à l’avant et à l’arrière de l’appareil, amélioration de la première technologie de protection du "verre" (plutôt une forme d'alliage) qui se veut trois à quatre fois plus résistante aux fissures et rayures.

Le poids est bien réparti malgré l’embonpoint pris par cette barre photo, le “plateau”, qui rappelle le dos du Google Pixel, et cela rend l’utilisation aisée, malgré la grande taille d’écran. Car l’iPhone Air embarque un écran Oled Super Retina XDR de 6,5 pouces 120 Hz (LTPO) adaptatif, très lumineux et fluide, pour lire, jouer ou naviguer frénétiquement. Une grande dalle qui équilibre parfaitement le tout en main.
On oublie très vite la finesse et la légèreté — ou on s’y fait très vite. C’est finalement en reprenant un iPhone “traditionnel” que l’on réalise la qualité et l’ergonomie du design de l’iPhone Air. La bonne idée d’Apple a été de remonter la puce A19 Pro (la même que celle des iPhone 17 Pro, avec un coeur en moins sur la partie en charge de l'affichage des graphismes et de certains calculs IA) dans le renflement horizontal, au côté du module photo, afin de dégager de la place pour mettre une batterie plus grande et de faciliter la dissipation de la chaleur produite par la puce.
La photo, grande sacrifiée?
Parlons d’un point de design et de choix philosophique qui pourrait en refroidir certains: la photo. Si le Galaxy S25 Edge s’appuie sur le savoir-faire de ses grands frères en photo, il avait fait le choix d’abandonner un capteur en route pour n’en conserver que deux. Apple, moins généreux en modules photo, tire un trait sur deux.

Le smartphone se retrouve donc équipé d’une seule caméra Fusion de 48 Mpx avec zoom 2x (jusqu’à 10x en numérique), le même capteur principal que l’iPhone 17. Mais ici, pas d’ultra-grand-angle au programme et pas vraiment de téléobjectif. C’est néanmoins un module photo de plutôt bonne facture, qui propose des clichés lumineux et détaillés. On soulignera la qualité du mode Portrait et la prouesse de réaliser l’opération avec un seul capteur et un algorithme capable d’aller chercher la profondeur. Même de nuit ou en très basse lumière, l’appareil photo se défend plutôt bien.



En vidéo, il propose une excellente stabilisation, de l’enregistrement jusqu’en 4K/60 images par seconde et en Dolby Vision, avec de l’Audio spatial et une réduction du bruit du vent. Sinon, vous disposerez de la fonction Audio Mix pour rattraper le niveau sonore après coup. On notera l’arrivée de l’excellente caméra selfie 18 Mpx (présente sur les iPhone 17/17 Pro) qui s’enrichit de la fonction Cadre centré des iPad pour mettre tout le monde dans le champ, vous suivre en mouvement en enregistrement vidéo et même basculer aisément en position paysage tout en tenant l’appareil à la verticale.

En 2025, n’opter que pour un seul capteur est en tout cas un choix étrange que quasiment seul… l’iPhone 16e avait fait. Mais c’était pour des questions financières et, à 1.229 euros, l’iPhone Air est bien loin de ces considérations. Vous n'avez donc droit qu'à un seul module photo à cause d'une décision de design. Faire de la finesse une priorité impose souvent de sacrifier l’autonomie, la photo et de fragiliser l'ensemble.
Pour le design, Apple a tout fait pour rassurer sur la solidité et c’est plutôt validé, iPhone en main. Pour accroître l’autonomie, la marque a choisi de laisser plus de place à la batterie en remontant les principaux composants et en tirant une croix sur le tiroir à carte nano-SIM. L’iPhone Air est en eSIM pour tout le monde et rien d’autre. Selon Apple, ce sacrifice a assuré deux heures d'autonomie en plus. En tout cas, en usage standard (mail, applications diverses, navigation web, vidéo, visio, photo), l’iPhone Air tient une bonne journée et un peu plus, aidé par la puce, mais aussi par le nouvel iOS 26 embarqué et ses fonctions d’alimentation adaptative de la batterie.
La productivité plus importante que la photo
L’iPhone Air n’est pas un foudre de guerre en photo, mais sa mission est toute autre. Il se veut design et performant pour séduire des profils plutôt de travailleurs ou gros utilisateurs de leur iPhone pour raisons professionnelles. La prise en main étant bonne, restait à s’assurer que l’appareil ne soit pas qu’un joli châssis sans moteur.
La puce A19 Pro lui confère une grande souplesse d’action pour toutes les tâches, multiplier les ouvertures d’app, les enregistrements vidéo, les photos, le jeu. A cela s'ajoutent la puce N1 pour la connectivité (Wifi 7, Bluetooth 6, Thread) et surtout le modem C1X pour la 4G/5G, ainsi que toutes les fonctions Apple Intelligence (retouche photo, aide à la productivité, questions sur le contenu à l’écran, recherche, traduction en direct, outils d’écriture, Siri épaulé par ChatGPT…) et les nouvelles fonctionnalités apportées par iOS 26.

La finesse aurait pu faire craindre le pire d’un point de vue thermique, le châssis en titane des derniers iPhone Pro ayant eu tendance à chauffer rapidement (les nouveauxPro sont revenus à l’aluminium). Mais Apple a plutôt bien géré la montée en température en ajoutant une couche de graphène qui va mieux dissiper la chaleur sur les côtés. Si vous poussez vraiment l’iPhone Air en jeu gourmand, il pourra avoir tendance à chauffer, mais cela reste supportable, et réduira alors les performances de sa puce, sans que cela n'aboutisse à des ralentissements mal venus. Idem en enchaînant les enregistrements vidéo ou en le sur-sollicitant.
L’iPhone Air est donc équipé comme un iPhone 17 Pro en matière de puissance et de performances, mais moins bien doté qu’un iPhone 17 au niveau de la photo, le tout dans un design extrêmement séduisant et facile à prendre en main. Ce sont les trois arguments à avoir en tête au moment de faire votre choix (en plus de décider entre les coloris noir, or, bleu ou blanc). L’iPhone Air sait tout faire et surtout se faire oublier dans un sac, une poche. Une démonstration voulue par Apple qui veut prouver qu'il reste maître en ingénierie et design avec un oeil sur l'avenir vers lequel on semble tendre à plus ou moins long terme.
Si vous cherchez avant tout un appareil pour le quotidien, de la productivité à l’activité sportive en passant par la gestion de votre maison connectée, le tout sans s’encombrer, c’est absolument l’appareil qu’il vous faut, si tant est que vous ayez les 1.229 euros pour vous l’offrir en 256 Go de stockage. Il est conçu pour vous tenir compagnie très longtemps et l’investissement ne sera pas à perte.

Mais si la photo est votre priorité, ou un élément important de vos usages de smartphone, une réflexion s'imposera. Pour 100 euros de plus, l’iPhone 17 Pro, certes avec un écran de 6,3 pouces contre 6,5 pouces, reprend la même recette, la finesse et la légèreté en moins, la qualité photo en très gros plus. Si vous venez d’un iPhone 15 ou antérieur, le saut peut s’avérer très séduisant et le remplacement envisageable. Si vous êtes prêt à faire le saut de la carte nanoSIM vers l'eSIM.