Pour rassurer, Spotify s'associe aux trois majors de la musique pour développer des fonctionnalités d'IA "responsables"... et floues

Longtemps pointé du doigt pour sa passivité, qui confinait à la bienveillance par rapport aux contenus générés par l'IA, Spotify vient-il de prendre le taureau par les cornes.
Un partenariat encore flou
Le numéro un du streaming musical a annoncé, jeudi 16 octobre, avoir passé un accord avec les plus importants labels mondiaux pour "développer des produits IA responsables", contrôlés par les artistes qui pourront en tirer des revenus. Le partenariat inclut les "Big Three", les trois maisons de disques dominantes que sont Sony Music, Universal Music et Warner Music, qui gèrent des artistes d'envergure comme Beyoncé, Ed Sheeran ou Taylor Swift, ainsi que le label français Believe, selon le billet de blog.
"Certaines voix dans l'industrie technologique estiment que le droit d'auteur devrait être aboli", observe la plateforme de streaming. "Nous ne le pensons pas. (...) Mais si l'industrie musicale ne prend pas l'initiative dès maintenant, l'innovation alimentée par l'IA se produira ailleurs, sans droits, consentement ni rémunération."
Concrètement, ce partenariat prévoit notamment la mise à disposition des artistes et des labels d'outils leur permettant de mettre en ligne leurs propres contenus IA dans un cadre défini à l'avance. Ce système inclura une méthode de rémunération des artistes et détenteurs de droits, qui seront, en outre, crédités pour leur participation.
Des inquiétudes croissantes
"Les outils IA que nous développons ne remplaceront pas la créativité artistique humaine", assure Spotify, mais "offriront aux artistes de nouvelles opportunités créatives" et des moyens supplémentaires d'"entrer en contact avec les fans".
Spotify n'a pas donné plus de détails de ce partenariat, qui reste encore très flou. Pour autant, l'entreprise a déclaré que les artistes ne seraient pas obligés de participer et que leurs droits d'auteur ne seraient pas violés.
Ce raz-de-marée de musiques générées par IA suscite l'inquiétude d'une partie de l'industrie musicale, qui craint d'y perdre des revenus. De nombreuses procédures judiciaires ont été intentées pour mettre un terme à ces pratiques ou les réguler, mais il n'existe pas encore de jurisprudence établie en la matière. En juin 2024, les majors du disque ont par exemple poursuivi en justice Suno et Udi, deux services de génération de musique par IA, pour violation de droits d'auteur.
Ce partenariat intervient moins d’un mois après que Spotify ait pris des mesures pour encourager artistes et éditeurs à se montrer plus transparents quant à l'utilisation de l’IA, ainsi que pour limiter certaines dérives. Jusqu'alors les productions générées par l'IA étaient mal identifiées. Ainsi, le groupe The Velvet Sundown, qui a publié deux albums de rock indie en moins d'un mois et totalisé plusieurs millions d'écoutes sur Spotify n'a pas vu ses productions identifiées comme telles...
Et le groupe est loin d'être une exception. Avec la vague de l'IA générative, les morceaux entièrement ou partiellement créés avec l'intelligence artificielle déferlent sur les plateformes de streaming. Ces contenus IA sont souvent générés grâce à des plateformes comme Suno ou Udio. Or, les modèles sont souvent entraînés sur des chansons existantes dont les auteurs et interprètes ne sont pas rémunérés.