Foyers résiduels, analyses, nettoyage: le point sur l'incendie qui a détruit deux immeubles à Rouen

18h03, samedi soir. Les pompiers de Seine-Maritime sont appelés à intervenir dans le quartier Saint-Julien, sur la rive gauche de Rouen. On leur signale que des flammes dévorent un immeuble désaffecté mais possiblement squatté.
À leur arrivée, les sapeurs-pompiers constatent que le feu s'est propagé à plusieurs étages. Malgré leurs efforts, le bâtiment fait d'acier et de verre plie sous l'effet de la chaleur et s'effondre. Un immeuble mitoyen prend alors feu et chute à son tour aux alentours de minuit.
Aucune victime n'est à déplorer et les causes de l'incendie demeurent inconnues à ce stade.
• Les pompiers face à des foyers résiduels
Au lendemain du sinistre, même si l'incendie est "circonscrit et maîtrisé", la ville de Rouen indiquait dimanche à 20h que "les sapeurs-pompiers (étaient) toujours confrontés à des foyers résiduels situés sous l’enchevêtrement de la structure effondrée" et à quelques "fumées très localisées".
"Une pelle mécanique pour bouger les débris va être nécessaire, précise la ville. Les manœuvres pourraient générer localement des poussières qui seront gérées directement par les pompiers via un arrosage."

• Les habitants de trois habitations relogés
L'incendie apparu samedi soir dans le quartier Saint-Julien a entraîné un important dégagement de fumée. De la suie issue de ce panache a été retrouvée sur les voitures et le mobilier urbain, y compris dans le centre historique de la ville.
"Dans le périmètre immédiat de l’incendie, et du fait de l’évolution de la dynamique du feu, trois habitations ont été particulièrement exposées aux fumées et odeurs", rapporte la municipalité de Rouen.
Les habitants de deux de ces foyers sont accompagnés par la ville pour identifier un logement temporaire. Le troisième foyer a trouvé une solution "par ses propres moyens".
• Le périmètre sécurisé
Toujours dans son communiqué, la municipalité rouennaise affirme qu'une société a été mandatée par le propriétaire des lieux, Rouen Habitat, pour sécuriser le périmètre du double effondrement.
Sur les deux caméras initialement présentes sur le site, une a disparu dans l'incendie. "Un tour a été réalisé hier (samedi, NDLR) avec la police pour identifier tous les points d’ouverture du site", est-il précisé.
Et la mairie d'ajouter: "Depuis 15h, cinq agents Securitas sont sur place pour le sécuriser".
• Des analyses complémentaires en cours
Comme rapporté par BFMTV.com ce dimanche, la mairie de Rouen s'est voulue rassurante quant aux conséquences de l'incendie. Face à des habitants hantés par le souvenir de la catastrophe de Lubrizol, elle a écarté tout risque chimique. "Aucun seuil de dangerosité n'a été relevé" concernant la toxicité des fumées, a fait savoir Nicolas Mayer-Rossignol, l'édile normand.
La ville de Rouen a néanmoins commandé des analyses complémentaires, les immeubles ayant pris feu étant connus pour héberger de l'amiante.
Deux premières équipes de spécialistes ont été déployées vers 16h ce dimanche, la troisième dans la soirée. Leur mission: inspecter les sols à la recherche de ce minéral fibreux. "Des pompes vont également être mobilisées pour réaliser des analyses d’air."
"Plusieurs équipements (écoles, aires de jeux, enceintes sportives), situés à Rouen ou Petit-Quevilly, feront l’objet de prélèvements", détaille la mairie de Rouen.
Les prélèvements en question seront transportés au cours de la nuit. Ils seront analysés à compter de lundi matin. "Les déchets des balayeuses ont été stockés couverts dans l’attente des résultats des prélèvements. Les résultats devraient être connus d’ici mercredi 3 octobre 2023", peut-on en outre lire dans le communiqué.
Une inspection des réservoirs d'eau potable aériens situés à 5 km du sinistre a été demandée par l'Agence régionale de santé. Les prélèvements seront récupérés lundi par un laboratoire. Les résultats sont attendus d'ici une semaine.
Monoxyde de carbone, dioxyde d’azote, dioxyde de soufre dans l’air: le SDIS a par ailleurs réalisé des contrôles attestant qu'"aucun dépassement des valeurs seuil de danger n’a été mesuré". Et si un pic de particules fines a été décelé à 21h samedi, il n'est aujourd'hui plus d'actualité.

• Des opérations de nettoyage menées, une école fermée
Des opérations de nettoyage ont été menées ce dimanche dans les parties extérieures des écoles et des crèches situées dans le périmètre élargi du panache de fumée, à la fois sur la rive gauche et sur la rive droite. Seule exception: l'école Jeanne-Hachette, qui sera purifiée lundi, à 7h30.
En attendant les résultats des analyses complémentaires, la mairie a cependant décidé de fermer les écoles maternelles et élémentaires Pépinières Saint-Julien, qui se trouvent à proximité immédiate de l'incendie. "Il en va de la santé des enfants, de leurs familles, des personnels municipaux et de l'Éducation nationale", pose Nicolas Mayer-Rossignol.
S’agissant des espaces publics, les rues du secteur ont été nettoyées ce dimanche côté rive gauche. Les rues "potentiellement concernées" dans les quartiers ouest seront arpentées lundi.
Les particuliers, pour leur part, sont appelés à suivre les consignes délivrées par l'Agence régionale de santé le SDIS. Le détail est à retrouver ici.
Et de rappeler: "De manière générale et par précaution, les débris et suies doivent être manipulés le moins possible, seulement avec des masques et des gants pour éviter tout contact humain."
Outre Rouen, des retombées de l'incendie ne sont pas à exclure dans les communes de Petit-Quevilly, Mont-Saint-Aignan et Bois-Guillaume. Une réunion a été organisée ce dimanche soir en présence de leurs représentants à l'initiative de la préfecture.
• Bientôt un numéro vert et un registre sanitaire
La cellule de crise lancée par la ville de Rouen a vocation à rester active quelque temps, tandis qu'un numéro vert dédié à l'enlèvement des débris chez les particuliers ou dans l'espace public sera mis en place lundi par le propriétaire du site victime de l'incendie.
Nicolas Mayer-Rossignol a enfin demandé la constitution "dans les plus brefs délais" d'un registre sanitaire. Celui-ci doit permettre de répertorier "les personnes qui auraient été exposées aux fumées ou manipulé directement, sans précaution particulière, des débris ou des suies".