Ce que l'on sait de l'incendie qui a provoqué l'effondrement de deux immeubles à Rouen

Ce samedi, un incendie s'est déclaré dans un immeuble désaffecté du quartier Saint-Julien à Rouen, avant de se propager au bâtiment voisin, lui aussi abandonné. Sous la violence des flammes, les deux immeubles se sont effondrés dans la nuit.
Ce dimanche midi, le feu est circonscrit et maîtrisé mais les sapeurs-pompiers restent sur place pour tenter d'éteindre les flammes.
• Deux immeubles touchés
Le feu a démarré à 18 heures dans un appartement d'un immeuble, haut de huit étages et surnommé "Verre et Acier". Il se situe au sein d'un ensemble de plusieurs autres tours abandonnées. Le bâtiment a rapidement pris entièrement feu. Les flammes se sont ensuite propagées à un deuxième bâtiment.
La chaleur de l'incendie a fait fondre l'acier composant les structures, provoquant l'effondrement successif des deux immeubles.
D'épais panaches de fumée se sont élevés dans le ciel de Rouen et, portés par le vent, se sont dirigés vers le centre historique de la ville. Depuis, de la suie et des débris jonchent le sol, le mobilier urbain ou encore les voitures.
Le feu a depuis été circonscrit et "le risque de propagation écarté" assure la municipalité. "La phase d'extinction finale du feu est en cours", précise-t-elle dans la nuit de samedi à dimanche.
Au total, 130 sapeurs-pompiers de la Seine-Maritime ont travaillé à éteindre les flammes dans la nuit et 40 véhicules ont été déployés. Plusieurs sont encore sur place dimanche matin. Selon nos informations, deux pompiers ont été légèrement blessés dans la nuit mais ont directement repris le combat contre les flammes.
• L'origine du sinistre encore inconnue
L'origine du départ de feu n'est pour le moment pas connue. Selon les informations de BFMTV, l'immeuble se situait au sein d'un groupe de plusieurs bâtiments squattés et été lui-même régulièrement habité par des squatteurs.
"La raison principale pour laquelle ces immeubles étaient désaffectés est précisément le risque incendie", précise la mairie dans un communiqué à la mi-journée.
Le 15 septembre dernier, la ville avait également alerté Rouen Habitat, bailleur social propriétaire des immeubles, sur des barrières arrachées autour du site, précise la municipalité. Le bailleur avait alors procédé à un tour complet et à une resécurisation du barrièrage.
À minuit, Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, indiquait que "l'incendie est probablement lié à un squat". Des investigations sur l'origine du feu et l'éventuelle présence humaine sont en cours.
Le bilan humain provisoire, lui, fait état d’aucune victime. Les habitants ont quant à eux été rapidement informés du sinistre samedi soir par plusieurs canaux et invités à éviter le secteur.
Un gymnase proche avait été également mis à la disposition par la municipalité pour d'éventuels évacués dans la nuit, "ce qui finalement ne s'est pas avéré nécessaire".
• La toxicité de la fumée en question
L'incendie désormais circonscrit, les inquiétudes se tournent désormais sur la toxicité des fumées dégagées par le feu. D'autant plus que Rouen est encore très marquée par l'incendie de Lubrizol, qui s'est déroulé il y a presque quatre ans jour pour jour.
"Je voudrais rassurer la population rouennaise parce qu’on a l’esprit ‘Lubrizol’ mais là c’est totalement différent puisqu’il n’y a pas de risques chimiques", a tenu à expliquer Fatima El Khili, adjointe EELV au maire de Rouen en charge de l'urbanisme sur BFMTV. "On est sur un risque amiante"
Les deux bâtiments incendiés contenaient en effet de l'amiante. Ce minéral fibreux avait déjà été détecté dans les bâtiments lors d'un précédent incendie, en 2011. Il n'y avait pas eu de travaux depuis et ils n'ont pas été désamientés.
Les bâtiments étaient en cours de cession à un promoteur qui doit racheter la totalité du site, a confié une adjointe au maire. Un gros projet de quartier était prévu. La démolition de ces immeubles allait se dérouler dans les mois qui viennent.
À minuit, des prélèvements chimiques étaient en dessous des seuils. "Aucun seuil de dangerosité n'a été relevé", insiste la municipalité dans un communiqué.
"Nous avons néanmoins exigé que des analyses complémentaires des pollutions éventuelles, en particulier l'amiante, soient menées dès ce dimanche", précise le maire.
"Des prélèvements et des analyses des retombées de suies vont être réalisés, ainsi que des mesures au sol et des contrôles de l'air", ajoute l'édile. La cellule d'appui aux situations d'urgence dépendant de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) a été sollicitée.
"On va avoir un certain nombre de prélèvements entre le pont Flaubert et le pont Guillaume le Conquérant de part et d’autre de la Seine, et sur Petit-Quevilly", a détaillé Fatima El Khili sur BFMTV.
Les résultats de ces analyses sont attendus dans 48 à 72 heures.
• Une école restera fermée
"En vertu du principe de précaution", la municipalité a décidé ce dimanche que les écoles maternelles et élémentaires Pépinières Saint-Julien, situées à proximité du lieu du sinistre, resteront fermées ce lundi et ce mardi.
"Il en va de la santé des enfants, de leurs familles, des personnels municipaux et de l'Éducation nationale", soutient le maire dans son communiqué. Des contrôles de sécurité des matières retombées ainsi qu'un nettoyage des espaces impactés auront lieu.
La cellule de crise de la ville de Rouen s'est réunie dans la matinée et a décidé d'accueillir les enfants dans les locaux périscolaires de l'école Rosa Parks, située rue des murs Saint-Yon. "La cellule de crise reste active", précise enfin la ville dans un communiqué à la mi-journée.