"Un projet pour les touristes": le plan de transports de la Métropole de Marseille suscite les critiques

Jour J pour le plan de transports de la Métropole de Marseille. Sa présidente Martine Vassal doit présenter ce jeudi son vaste plan d'un milliard d'euros devant le groupement d'intérêt public, mis en place par Jean Castex il y a un an. Dans le cadre du plan "Marseille en grand", Emmanuel Macron avait promis une contribution de l'Etat d'un milliard d'euros, dont 256 de subventions, pour développer le réseau de transport marseillais.
Plusieurs projets majeurs ont déjà été identifiés comme la modernisation du métro afin notamment de l'automatiser et de le rendre davantage accessible. Une extension de la ligne T3 du tramway est ausi à l'étude tout comme l'agrandissement du tramway T2 de la Gare Saint-Charles jusqu'à La Belle-de-Mai, puis jusqu'au Merlan.
Par ailleurs, la Métropole souhaite qu'un nouveau tramway voit le jour d'ici 2028 pour relier la rue de Rome aux Catalans, ce qui serait un premiers pas pour l'arrivée d'un tramway sur la Corniche, souhaitée par Martine Vassal.
"40 ans de retard"
Sur BFM Marseille ce jeudi, le président de la fédération de la mixité de France Akim Mimoun, a fait part de son scepticisme concernant ce projet. Appelant à donner des transports "dignes de ce nom" aux quartiers nords, Akim Mimoun a critiqué le projet de tramway sur la corniche, privilégié par Martine Vassal.
Il regrette le manque de moyens donnés aux quartiers nord marseillais, délaissés en termes d'infrastructures de transports depuis de nombreuses années.
"Marseille a plus de 40 ans de retard en matière de transports entre le Nord et le Sud, l'Est et l'Ouest. Aujourd'hui, on a l'impression que ce projet est plus un projet pour les touristes que les Marseillais", déplore-t-il.
"On privilégie les bobos parisiens qui viennent s'installer, financer et acheter de l'immobilier dans le centre-ville et dans le secteur du sud. Les habitants des quartiers, on les laisse dans l'insécurité, l'insalubrité. Les écoles, les transports, ils cumulent tout'".
Pour désenclaver les quartiers nords, la mise en place d'une ligne de bus à haut niveau de service pour relier La Fourragère à La Gèze est prévue d'ici 2024. La Métropole a également annoncé vouloir refondre complètement son réseau de bus d'ici deux ans pour renforcer la fréquence de passage et le maillage du territoire. "De la poudre aux yeux", juge le président de la fédération de la mixité de France.
"Aujourd'hui, les bus ça marche pas, les bus, des fois quand ils passent, ils s'arrêtent pas à l'arrêt. Vous avez un bus par exemple le soir, pour les jeunes filles ou les mamans célibataires, on devrait les arrêter à des stops bien précis. Malheureusement, on les fait descendre dans des quartiers dit sensibles, il n'y a pas de sécurité au niveau des transports, il n'y a pas de médiateur", explique-t-il.
Des tramways pour les quartiers nords
Akim Mimoun plaide pour le déploiement de tramways dans les quartiers nord notamment entre la Belle-de-Mai et Le Merlan ou encore de Capitaine-Gèze à l'hôpital Nord. "Ça serait super intéressant pour les habitants", estime-t-il.
Le maire de Marseille Benoît Payan a lui aussi défendu avec force et à plusieurs reprises le déploiement de tramways dans les quartiers nords, rappelant que le désenclavement de ces quartiers est une condition à l'investissement de l'Etat dans le plan transports.
"Il n’y aura pas d’aides de l’État si la présidente du département ne comprend pas cette chose évidente, dite sur tous les tons par le chef de l’État et par moi-même: il faut désenclaver les quartiers Nord (...) C’est la priorité des priorités", affirmait-t-il il y a quelques semaines.
La présentation du plan transports par Martine Vassal est donc attendue avec impatience ce jeudi à Marseille afin de voir quelles sont les priorités fixées par la Métropole. Avant cette échéance, Akim Mimoun a lui voulu interpeller la présidente de la collectivité marseillaise. Il l'appelle à "consulter les habitants" et à "vivre la vie d'un vrai Marseillais", issu des quartiers nords afin d'y prendre là-bas, les transports en commun.
"Je l'invite à aller au Pharo en transports en commun et elle me dira quel temps de parcours elle a pu obtenir et dans quelles conditions elle a pu obtenir ce parcours-là", a-t-il suggéré.