Près de 22.000 manifestants en France contre l'extrême droite ce samedi, dont 9200 à Paris

Ils sont venus dire "non à l'extrême droite". Plusieurs centaines de manifestants à Paris et dans une trentaine de villes ont exprimé ce samedi leur inquiétude de voir Marine Le Pen accéder à l'Elysée à huit jours du second tour de la présidentielle qui l'opposera à Emmanuel Macron.
Au total, près de 22.000 manifestants ont été recensés en France. Selon le ministère de l'Intérieur, 12.690 personnes se sont mobilisées dans plus de 50 manifestations en région.
Dans la capitale, la manifestation a rassemblé 9200 personnes, a appris BFMTV auprès de la préfecture de police.
"On est ici pour dire non à l'extrême droite. (...) pour la société, les libertés mais aussi le climat. Ce serait une vraie régression si elle arrivait au pouvoir", a expliqué à l'AFP Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, place de la Nation avant le départ du cortège vers 14H30.
Ligue des Droits de l'Homme, SOS Racisme, CGT, Syndicat de la magistrature.... au total une trentaine d'organisation et syndicats appelait à ces manifestations. Et les autorités attendaient environ 15.000 personnes sur le territoire, dont 3/4000 à Paris.
"Pas une voix pour Marine Le Pen!", ont martelé les organisateurs devant plusieurs centaines de manifestants à Lille.
"Pas de Le Pen à l'Elysée"
Marine Le Pen, qui s'est exprimée devant la presse plus tôt dans la matinée à Saint-Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir), estime que "venir manifester contre les résultats d'une élection" est "profondément antidémocrate. Donc, je pense que les Français trouvent ça désagréable de voir que leur choix est ainsi contesté dans la rue, par l'intermédiaire de manifestations".
"Contre l'extrême droite, pour la justice et l'égalité. Pas de Le Pen à l'Elysée", prône la banderole de tête à Paris. Dans le cortège, peu de politiques mais Philippe Martinez (CGT) Dominique Sopo (SOS racisme) Arié Alimi (avocat) Imane Ouelhalj (Unef), entre autres.
"Nos inquiétudes, c'est que l'extrême droite arrive au pouvoir (...) , nous ne voulons pas de Marine Le Pen à l'Élysée. Nous sommes là pour dire 'utilisez votre bulletin de vote pour l'empêcher d'arriver au pouvoir', on ne dit pas 'votez Macron', mais ça revient à ça", a insisté François Sauterey coprésident du Mrap.
Sur une banderole, on pouvait lire "Mieux vaut un vote qui pue qu'un vote qui tue".
Un duel Macron/Le Pen que refuse la jeunesse
Militant de SOS Racisme, Sasha Halgand regrette d'être face à "un duel Macron/Le Pen dont la jeunesse ne veut pas. Nous on veut dire non à l'extrême droite. Macron a participé à sa montée mais le vote utile se porte sur lui. Si Marine le Pen arrivait au pouvoir, il y aurait des milices fascistes, des lois liberticides".
Le programme du RN, "c'est tout sauf un projet social comme il se prétend (...). On est là pour dire 'il y a le feu, notre mouvement social doit réagir', explique Benoit Teste, secrétaire général de la FSU. "La FSU a en outre de grosses inquiétudes concernant l'éducation avec un projet terrifiant de contrôle des programmes scolaires et de jeunes étrangers qui seraient expulsés".
Lucile Muller, 19 ans et étudiante en cinéma de l'animation à Paris est là pour "contester les deux candidats". "Ce n'est pas acceptable qu'on ait à choisir entre Macron et Le Pen, on avait déjà ce même résultat il y a cinq ans mais on ne connaissait pas Macron. Là, on a vu les violences policières, les lois liberticides (...) On aurait aimé avoir le choix, avec un second tour Mélenchon/Macron, avec des débats sur l'écologie par exemple".
Des étudiants mobilisés dans les universités
À Paris, la manifestation est considérée comme "à risque" par les autorités, qui ont déployé un important dispositif, car le cortège est "susceptible de rassembler des protestataires divers, gilets jaunes, ultragauche" et des associations, selon une source policière.
Une vidéo appelant à manifester à Paris contre Emmanuel Macron, circule depuis vendredi soir sur les réseaux sociaux.
A Besançon, Malee Caretti, 28 ans, manifeste "contre le racisme. Ça fait des années que c'est de pire en pire, cette banalisation du racisme et de la violence sociale on la voit".
À Lyon, où les manifestants sont en majorité des jeunes, Emma, 23 ans, étudiante, se mobilise "contre la banalisation des idées dangereuses, contre le racisme, l'exclusion, la dictature en puissance", et reprend un slogan : "A ceux qui osent voter les lois racistes, tout le monde répond : résistance !"
De nombreux étudiants en colère sont mobilisés depuis dans leurs universités pour protester contre le résultat du premier tour et mettre en avant les questions écologiques et sociales.
À Marseille, un rassemblement est prévu au départ du Vieux-Port, non loin du Pharo où le président candidat doit tenir un meeting à 15h15. Dans la cité phocéenne, 31,12% des voix sont allées à Jean-Luc Mélenchon, 22,62 % au chef de l'Etat le 10 avril.