Mort de Nahel: deuxième nuit de violences à Marseille, de nombreux commerces pillés

Une scène de "désolation". De nombreux commerces marseillais ont été vandalisés et pillés dans la nuit de vendredi à samedi, lors d'une nouvelle soirée de violences depuis la mort de Nahel, adolescent tué par un tir policier à Nanterre en début de semaine. La manifestation prévue à Marseille en hommage au jeune homme avait notamment été interdite par les autorités.
Au total, 95 personnes ont été interpellées ce vendredi soir dans la cité phocéenne, selon la préfecture de police des Bouches-du-Rhône. La police a notamment évoqué des petits groupes d'individus qui ont "tent[é] des pillages" dans plusieurs artères commerçantes.
Certains sont mêmes parvenus à leur fin: une armurerie de la rue d'Aubagne a notamment été pillée. Si aucune munition n'a été dérobée, plusieurs armes de chasse ont toutefois été volées. Un garde statique a par la suite été posté pour sécuriser les lieux.
Un supermarché vandalisé, une armurerie pillée
D'autres commerces ont également été la cible de dégradations au cours de la soirée. Un supermarché Aldi situé dans la cité des Flamants, dans le 14e arrondissement, a été pillé à la voiture bélier, confirme la préfecture de police à BFM Marseille Provence, tandis qu'une vidéo montrant les faits circule sur les réseaux sociaux.
La boutique de luxe Lancel a également été pillée. Ce samedi matin, un bijoutier constate lui aussi les dégâts sur son commerce, complètement dévalisé. Il estime le préjudice à 180.000 euros.
"On n'a pas dormi de toute la nuit", déplore Hafid, gérant de cette bijouterie, au micro de BFMTV. "On a eu des voleurs, des voyous toute la nuit. Ils ont cassé nos magasins. On a été pillé, on a été volé, on a passé la nuit à jouer au chat et à la souris. (...) On a l'impression d'être dans un autre monde. C'est la désolation."
De son côté, Alexandre Manchon, buraliste marseillais, déplore lui aussi des dégâts sur son commerce, complètement saccagé. Il se voit aujourd'hui contraint de placer ses trois employés au chômage technique, et en appelle au gouvernement pour faire cesser ces nuits de violences.
"Les personnes qui nous gouvernent, il faut agir. L'heure est grave", déclare-t-il. Monsieur Macron, agissez. On ne peut plus durer."
Des renforts de CRS envoyés à Marseille
Sur les réseaux sociaux, le maire de Marseille Benoît Payan dénonçait hier soir ces actes de violences.
"À Marseille, les scènes de pillages et de violence sont inacceptables. Je condamne avec une totale fermeté ces actes de vandalisme et demande à l’État l’envoi immédiat de forces de maintien de l’ordre supplémentaires", écrivait-il sur Twitter.
Quelques minutes après la publication de ce tweet, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin annonçait l'envoi de "renforts importants" à Marseille. La préfecture de police des Bouches-du-Rhône avait alors confirmé dans la nuit l'arrivée de CRS "en renfort".
Les forces de l'ordre ont également été prises pour cible au cours de la soirée. Des véhicules de police ont essuyé des jets de projectiles. Une trentaine de policiers ont par ailleurs été blessés au cours de la soirée, précise la préfecture de police.
Elle rapporte également une explosion survenue sur le Vieux-Port, qui n'a toutefois pas fait de blessé, et près de 150 poubelles ont été incendiées à Marseille au cours de la soirée.
La situation a été plus calme dans le reste du département, avec deux interpellations à Aix-en-Provence, trois à Salon-de-Provence et une seule à Arles et Marignane. Deux véhicules ont également été incendiés à Châteaurenard.