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Méditerranée: pourquoi y a-t-il autant de méduses?

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Les méduses sont présentes sur de nombreuses plages méditerranéennes cet été. Pas toujours agréables pour les riverains et les touristes, mais le phénomène est naturel.

Elles sont partout cet été dans les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes. S'il n'y a pas de recensement précis, les Sudistes ont constaté la prolifération des méduses. Elles ont envahi les côtes de la Méditerranée, non sans conséquence. Fin juin, plus de 80 nageurs ont été attaqués par des méduses lors du Défi Monte Cristo à Marseille.

Une prolifération que constate Jackie, venue se baigner ce mardi matin à la plage des Catalans à Marseille avec ses amis. "Cette année malheureusement les méduses sont au rendez-vous". Résultat, en nageant vers la plage, elle s'est faite piquer au poignet. "L'eau n'était pas si claire et on ne les a pas vue", explique la riveraine qui s'était déjà faite piquer il y a deux semaines.

"Pelagia noctiluca", une méduse de couleur violette, très présente en Méditerranée.
"Pelagia noctiluca", une méduse de couleur violette, très présente en Méditerranée. © BFM Marseille Provence

Un phénomène naturel

Pourquoi y a-t-il autant de méduses cette année? Il s'agit simplement d'un phénomène naturel. "Pelagia noctiluca", une méduse de couleur violette, très présente en Méditerranée, a "des cycles de prolifération tous les 10/15 ans" observés depuis plusieurs siècles, explique à BFM Marseille Provence Charles-François Boudouresque, professeur à l'Institut méditerranéen d'océanologie.

"C'est complètement naturel. Ce n'est pas lié au réchauffement climatique ni à la pollution comme on pourrait le croire", détaille le professeur.

Il s'agit généralement de cycles "prédateurs-proies". Des espèces comme le poisson-lune peuvent manger jusqu'à 70 kilos de méduses par jour. "Quand le poisson est abondant, il y a moins de méduses et quand il y a moins de méduses, le poisson est moins abondant et les méduses prolifèrent" par la suite. "On a des cycles", résume Charles-François Boudouresque.

La prolifération de l'espèce est également favorisée par des températures élevées, des périodes sans pluies, des pressions atmosphériques élevées... des conditions souvent cochées par la cité phocéenne.

"En Méditerranée, certaines proliférations de méduses peuvent être liées à l'installation d'un régime de vents de sud-est au cours des semaines précédentes, ramenant les méduse en zone côtière", évoque un article de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer.

Une méduse "géante" pas encore sur nos côtes

L'espèce de méduses majoritairement présente en Méditerranée inflige des brûlures aux baigneurs mais reste sans conséquences graves. Néanmoins, l'arrivée d'"une méduse géante" pourrait être plus problématique.

"Nous avons une méduse géante qui peut faire jusqu'à 1 mètre de diamètre qui est entrée en Méditerranée par le Canal de Suez et qui prolifère maintenant dans toute la Méditerranée orientale (...) favorisée par le réchauffement climatique", détaille Charles-François Boudouresque.

Selon le professeur, celle-ci pourrait arriver en France "dans 10 ou 20 ans". La méduse "géante" provoque des brûlures graves qui nécessitent l'hospitalisation et limite l'activité économique. Elle "détermine la fermeture des plages et même de la pêche artisanale car même les pêcheurs ne peuvent pas traiter des filets qui sont remplis presque en totalité par des méduses géantes", affirme-t-il encore.

Un site collaboratif pour recenser les méduses

Pour l'instant la méduse géante n'est pas encore à craindre. Alors face à la Pelagia noctiluca, Charles-François Boudouresque conseille de ne pas se baigner quand il y a trop de méduses sur le littoral. "On ne peut pas les éradiquer, on ne peut pas les éloigner", rappelle ce dernier.

"Elle était là bien avant nos baigneurs et elle y sera probablement bien après qu'ils aient disparu, si d'aventure ça devait arriver", note-t-il.

En cas de piqûres, évitez de frotter et versez de l'eau chaude sur la brûlure afin de ne pas réveiller les cellules urticantes. Il existe un site collaboratif pour éviter les piqûres ou éviter une plage déjà touchée par les méduses: méduses.acri.fr.

Francesco Carvelli et Alicia Foricher