Marseille: une cagnotte ouverte pour les policiers mis en examen pour violences en réunion

Une cagnotte a été lancée sur GoFundMe après la mise en examen de quatre policiers marseillais. - Capture d'écran GoFundMe
Elle vise à "soutenir leur famille et subvenir à leur besoin financier". À l'initiative de l'Amicale de la Bac sud de Marseille, une cagnotte à destination de quatre policiers a été mise en ligne ce jeudi sur la plateforme GoFundMe.
Ces agents de la Bac sud et de la Bac centre ont été mis en examen pour violences en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique avec usage ou menace d'une arme ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à huit jours. L'un d'eux a été placé en détention provisoire.
"Cette cagnotte sera versée sur le compte de l'Amicale de la Bac sud pour répartir les fonds auprès des quatre familles de nos collègues", font savoir les instigateurs de la collecte.
Elle permettra de financer les frais de justice des policiers, précise Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance, à l'Agence France-Presse (AFP). À 16h ce vendredi, plus de 17.500 euros avaient été recueillis, avec des dons atteignant jusqu'à 500 euros.
Cette initiative n'est pas sans rappeler la cagnotte polémique lancée par Jean Messiha, figure d'extrême droite, à destination du policier accusé d'avoir tué le jeune Nahel lors d'un contrôle routier à Nanterre. Une enquête, notamment du chef d’escroquerie en bande organisée, a été ouverte mercredi. Clôturée début juillet, ladite cagnotte a permis de récolter plus de 1,6 million d'euros.
Passage à tabac
La mise en examen des quatre agents s'inscrit dans le cadre d'une information judiciaire ouverte le 5 juillet, après diffusion du témoignage d'Hedi. Le jeune homme de 22 ans affirme avoir subi des violences policières en marge des émeutes qui ont émaillé plusieures villes, dont Marseille, après la mort de Nahel.
Au cours de la nuit du 1er au 2 juillet, Hedi dit avoir été touché par un tir de flash-ball à la tempe alors qu'il allait rejoindre sa petite amie. L'intéressé accuse quatre à cinq policiers de l'avoir ensuite passé à tabac et laissé pour mort dans une ruelle.
Interrogé par l'AFP, Me Jacques-Antoine Preziosi, son avocat, résume les faits: "Il a été tiré comme un lapin puis roué de coups".
60 jours d'ITT
60 jours d'ITT ont été prescrits au jeune Marseillais, employé dans le secteur de la restauration. Immédiatement plongé dans le coma et opéré en neuro-chirurgie après sa prise en charge par les secours, Hedi est aujourd'hui contraint de porter un casque, une partie de l'os crânien lui ayant été retirée.
De nouveau opéré, de la mâchoire cette fois, le jeune homme a pu regagner son domicile jeudi. Cité par l'AFP, son avocat ajoute qu'Hedi pourrait "avoir perdu son œil gauche".
"Haie de soutien moral" ou "haie d'honneur"?
Alors que les policiers mis en cause dans cette affaire comparaissaient devant un juge d'instruction, jeudi, quelque 250 policiers se sont massés devant le palais de justice. L'arrivée du policier incarcéré a été marquée par une salve d'applaudissements, signe de leur désaprobation quant au placement de leur collègue en détention provisoire. Ces derniers estiment que les conditions ayant mené à une telle décision n'était pas remplies.
Toujours en guise de protestation, des policiers phocéens ont également déposé des arrêts-maladies ces dernières heures. De l'avis des syndicats, le mouvement pourrait être amené à s'amplifier.
Cette "haie de soutien moral", à ne pas confondre avec une "haie d'honneur", selon les mots de Rudy Manna, a heurté Hedi et soulevé un début de polémique. "Ça l'a brisé. Ces applaudissements, c'est un total non-respect de l'appareil judiciaire", tempête Me Jacques-Antoine Preziosi.
Au moins 21 enquêtes menées par l'IGPN
À Marseille, les interventions policières en réponses aux émeutes ont provoqué la mort d'un homme de 27 ans, au cours de cette même nuit du 1er au 2 juillet. Mohamed, de son prénom, a vraisemblablement succombé à un "choc violent au niveau du thorax" causé par un projectile de "type flash-ball", selon le parquet.
La police judiciaire et l'Inspection générale de la police nationale ont été co-saisies de l'enquête.
À l'échelle nationale, à date du 12 juillet, l'IGPN planchait sur au moins 21 enquêtes liées aux agissements des forces de l'ordre dans le contexte des violences urbaines. Elles sont "de nature et de gravité très différente" selon les cas.