Marseille: des habitants occupent leur quartier pour empêcher l'implantation d'un point de deal

"L'union fait la force". Depuis une semaine, les habitants de la résidence des Campanules, dans le 11e arrondissement de Marseille, se mobilisent contre l'implantation de points de deal dans le quartier en occupant physiquement les lieux.
Chaque jour, en début d'après-midi, ils déploient des tables, des chaises en bas de la résidence, "et la bonne réserve de café pour tenir toute la nuit".
"Aujourd'hui, on va commencer à 14h, parce qu'hier on a fini à 3h du matin, donc on est un peu fatigué", explique Océane, habitante de la résidence, au micro de BFMTV.
Les habitants demandent plus de sécurité
Le 31 décembre dernier, un groupe d'une quinzaine de jeunes avait forcé la porte du local technique du bâtiment H de la résidence, dans le but d'installer un point de deal à l'entrée de l'immeuble.
Depuis, les habitants se mobilisent quotidiennement pour empêcher la venue de dealers, dans cette résidence qui a été réhabilitée il y a un an. Dimanche, ils ont même manifesté devant la résidence. "On compte préserver ce quartier, parce qu'il n'y a jamais eu de débordements de ce genre."
"Ça fait 22 ans que j'habite ici, je n'ai jamais eu un problème comme ça", confirme Pascal, un autre résident.
Si la présence de dealers dans ce quartier résidentiel n'est pas acceptable, elle ne surprend pas le maire des 11e et 12e arrondissements.
"Si cette résidence, qui a été réhabilitée il y a peu de temps, a été choisie [par les dealers], c'est parce que justement elle est calme, il y a plusieurs entrées, plusieurs sorties", explique Sylvain Souvestre sur BFMTV ce lundi matin.
Il pointe d'ailleurs du doigt une faille de sécurité de la part du bailleur. "Le bailleur peut prendre ses responsabilités, puisque les barrières n'ont jamais fonctionné", déclare-t-il, expliquant qu'il est ainsi plus facile pour les dealers de s'enfuir lors de l'arrivée de la police.
Une réunion a eu lieu ce lundi matin entre le bailleur et les résidents. Ces derniers demandent l'installation de portails pour rendre l'accès à la résidence plus difficile, mais aussi la présence de vigiles, en plus des rondes de police qui sont déjà plus fréquentes depuis début janvier.
"Un rapport de force dont l'Etat sortira vainqueur"
Si le maire du 11e arrondissement salue la mobilisation des riverains, il reconnaît toutefois que "ce n'est pas [à eux] d'assurer cette tranquillité publique". D'autant plus que les riverains, qui se mobilisent chaque jour depuis une semaine, commencent à être épuisés.
"On a aussi nos vies qu'on a mises de côté pour pouvoir se mobiliser tous ensemble", rappelle Océane, qui assure toutefois que les habitants entendent bien poursuivre leurs efforts. "On ne compte vraiment pas lâcher."
Les riverains espèrent ainsi préserver leur résidence, voire même inspirer des habitants de quartiers voisins. "C'est parti de mon immeuble", explique Pascal, qui réside dans le bâtiment H, "et maintenant il y a des gens des autres blocs qui nous rejoignent."
Le maire admet toutefois que la situation telle qu'elle est n'est pas viable, notamment parce qu'il craint des représailles de la part des dealers.
"On a en face de nous des jeunes de 15, 16, 17 ans qui n'ont plus de frein, qui n'ont plus de filtre", déclare-t-il, expliquant que les jeunes en questions sont "des bandes de la cité d'Air-Bel, à côté" qui sont pour la plupart "armés, connus des services de l'ordre".
"On ne sait pas, demain, un mot de travers, un regard de travers, on ne sait pas ce qu'il peut advenir", poursuit-il. "Le danger est présent aussi."
De son côté, la préfecture de police des Bouches-du-Rhône assure que les forces de l'ordre sont mobilisées dans le secteur, avec des opérations "multi-quotidiennes" depuis mardi dernier, ainsi que des patrouilles régulières, y compris la nuit.
"Nous allons continuer nos efforts", assure la préfète Frédérique Camilleri, qui affirme que "c'est un rapport de force dont l'Etat sortira vainqueur avec les habitants". Quelques verbalisations pour usage de stupéfiants ont déjà eu lieu dans la cité des Campanules, ainsi que dans la cité voisine d'Air-Bel.
Une nouvelle réunion entre le bailleur, les résidents et la mairie de secteur doit avoir lieu mercredi afin de trouver une solution sur le long terme.