Marseille: derrière la mort d'un homme tué par balles, l'ombre de la DZ Mafia

Un brassard de police à Marseille. (Illustration) - Christophe Simon - AFP
Peu après 11 heures, jeudi 9 octobre au matin, un véhicule de marque Audi RS3 s'arrête devant une salle de sport "Basic-Fit" de la rue de Crimée, dans le 3e arrondissement de Marseille. Un homme, armé d'une kalashnikov quitte le véhicule et tire à plusieurs reprises sur une personne qui sort de la salle de sport. Malgré l'intervention des secours, l'homme âgé de 37 ans gravement blessé par arme à feu est mort sur le coup.
Pas moins de 28 étuis percutés de kalachnikov ont été retrouvés sur la scène de crime par les enquêteurs et une quinzaine d'impacts de balles sur les vitres de la salle de sport, selon une source proche de l'enquête à BFMTV.
Immédiatement après les faits, le tireur en compagnie d'un complice prennent alors la fuite avec leur véhicule en direction de Saint-Victoret, à proximité de l'aéroport de Marseille Provence, selon cette même source proche de l'enquête, confirmant les informations de La Provence.
Là-bas, les deux individus incendient leur voiture. Ils changent alors de véhicule et prennent ce que l'on appelle, en jargon policier, un "véhicule relais", à savoir une Renault Mégane et repartent en direction de Marseille pour se rendre sur la commune de La-Penne-sur-Huveaune.
Un commando déjà sous les radars de la BRI et de la brigade de répression du banditisme
Le commando était déjà visé par une enquête "depuis plusieurs semaines", à l'initiative de la BRI et avec l'aide de la Brigade de répression du banditisme (BRB) de Marseille, selon cette même source proche de l'enquête. Les deux personnes qui ont été interpellées étaient donc déjà sous surveillance par les services de police. Mais jeudi matin, avant que ces derniers ne passent à l'action, leur véhicule était alors pris en filature par des policiers de la BRI - sans que ces derniers ne permettent d'éviter la fusillade.
Après avoir changé de véhicule, les policiers de la BRI ont pu interpeller "en flag" les deux suspects alors qu'ils se trouvaient dans le "véhicule relais" sur la commune de La-Penne-sur-Huveaune. L'un des deux suspects avait un "logement conspiratif" (un lieu tenu secret, NDLR) sur cette commune, à 15km de Marseille. La première kalashnikov a été retrouvée dans le véhicule incendié. De plus, les policiers ont découvert dans le "véhicule relai" des deux suspects, une deuxième Kalashnikov et un pistolet automatique.
Au moment de l'interpellation, "il n'y a pas eu de tirs, en revanche, ils ont embouti un véhicule de la BRI en reculant dessus", indique une source proche de l'enquête à BFMTV.
"C'est un commando de la DZ mafia", "rien ne relie la victime au narcotrafic"
La victime, un homme âge de 37 ans était "défavorablement" connue des services de police et de justice. "Rien ne relie la victime au narcotrafic", indique cette même source.
L'homme décédé hier matin est connu pour des faits de vols à main armée, "relativement anciens" et pour une affaire d'extorsion de fond, "en 2023". Peu de temps après les faits, deux hommes de 18 et 23 ans ont été interpellés par la BRI de Marseille à La-Penne-sur-Huveaune.
Parmi les deux suspects, celui de 23 ans était recherché depuis 2023. Cet individu originaire du Var a été mis en cause - alors qu'il était mineur - dans un règlement de compte à Toulon en 2020, dans le cadre d'un "contentieux" entre la cité des Oeillets et la cité de la Poncette.
Son ADN avait été retrouvé sur l'arme qui avait donné la mort à la victime du règlement de compte. Après un passage en détention, il avait été remis en liberté sous bracelet électronique avant son procès. En 2023, il avait alors cassé son bracelet électronique et il était entré en "clandestinité". Pour ces faits, il a été condamné en 2025 à une peine de 17 ans de réclusion criminelle. Il était depuis recherché par plusieurs services de police: Nice, Marseille mais également Lyon.
Le suspect de 18 ans également connu des services de police et de justice est soupçonné d'avoir conduit l'Audi RS3.
"Il fait parti des petits jeunes qui rendent service à la DZ Mafia", indique une source proche de l'enquête à BFMTV.
Si la piste privilégiée est celle d'un contrat, le mobile du crime reste lui à déterminer. Le parquet de Marseille a ouvert une enquête pour "assassinat en bande organisée", "association de criminels" et "destruction par moyens dangereux en bande organisée". La sous-direction de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance spécialisée a été saisie. La garde à vue des deux suspects peut durer au maximum jusqu'à 96h, soit jusqu'à lundi à la mi-journée.