Législatives: le RN fait une percée dans les Bouches-du-Rhône, inquiétude de la Nupes et Ensemble

Une vague bleu marine a déferlé sur les Bouches-du-Rhône dimanche soir. Alors qu'il ne comptait aucun député ancré dans le département, le Rassemblement national (RN) a mis la main sur pas moins de six des 16 circonscriptions que compte le territoire, à l'occasion du second tour des élections législatives.
Porté par les voix de plus de 200.000 électeurs, le parti d'extrême droite a obtenu des victoires dans la moitié des circonscriptions où ses candidats s'étaient qualifiés. Essentiellement à l'ouest, au nord et au sud-est du département: dans la 3e circonscription, la 9e, la 10e, la 12e, la 15e et la 16e.
À titre de comparaison, Ensemble, la coalition derrière Emmanuel Macron, a également glané six circonscriptions -avec près de 60.000 voix de moins-, contre quatre pour la Nupes, l'alliance des partis de gauche.
L'une des victoires les plus emblématiques de la percée du RN dans les Bouches-du-Rhône est assurément celle acquise par Gisèle Lelouis aux dépends de Mohamed Bensaada dans la 3e circonscription, laquelle englobe les quartiers nord de Marseille. La candidate d'extrême droite a décroché 54,96% des suffrages dans ce territoire où le RN s'est implanté via Stéphane Ravier, depuis rattaché à Reconquête. C'est la première fois depuis 1986 que la formation de Marine Le Pen glane un siège à Marseille.
Vers une disparition du plafond de verre?
Autre motif de satisfaction pour le parti d'extrême droite, Franck Allisio a délogé Éric Diard, député sortant étiquetté Les Républicains-Union des Indépendants, dans la 12e circonscription. Le représentant du RN y a décroché 64,61%.
"Pour la première fois, si on voulait une matérialisation de la disparition totale du fameux plafond de verre, il se matérialise dans la 12e circonscription", s'est félicité ce dernier dimanche soir.
Quant à la 15e circonscription, historiquement acquise à la droite, Romain Baubry (53,85%) y a devancé Marie-Laurence Anzalone, représentante d'Ensemble.
Un front républicain déficiant
Du côté de la Nupes comme du côté d'Ensemble, les réactions de dépit se sont enchainées depuis l'annonce des résultats.
"Pour la première fois depuis 1986, l’extrême-droite obtient un groupe de députés, le plus large de son histoire, a soupiré Benoît Payan, maire de Marseille, sur son compte Twitter dimanche. C’est pour moi une tristesse profonde. Une lourde responsabilité pèse sur les responsables politiques restés silencieux face au Front National."
Invité sur le plateau de BFM Marseille Provence dimanche, Sébastien Barles abonde en ce sens. L'adjoint au maire s'est dit sujet à "énormément d'inquiétude". Et l'élu de fustiger un "front (républicain) qui n'a pas marché", ciblant les propos de certains marcheurs qui renvoyaient dos à dos la Nupes et l'extrême droite.
"Un terreau relativement propice"
"Un bloc de gauche, de force sociale, écologiste, n'est pas égal aux forces de repli, aux forces qui ont du sang sur les mains", a-t-il alerté.
Sorti vainqueur dans la 5e circonscription, Hendrik Davi, nouveau député Nupes, a tenu un discours similaire: "L'absence de prise de position d'Ensemble dans l'entre-deux-tours dans de nombreuses circonscriptions a pesé et a fait en sorte que le Rassemblement national a fait beaucoup de sièges".
"Personne n'avait imaginé qu'il puisse y avoir autant de parlementaires Rassemblement national sur le sud de la France. Après, c'est un terreau qui est relativement propice", a pour sa part déploré Lionel Royer-Perreaut, candidat Ensemble élu dans la 6e circonscription.
Les Bouches-du-Rhône, pas une exception
Pour Yannick Ohanessian, adjoint au maire de Marseille en charge de la tranquillité publique, les membres du Rassemblement national sont tout bonnement "les grands gagnants de cette élection". "C'est difficile pour moi d'avoir une satisfaction totale", a-t-il ajouté.
Les Bouches-du-Rhône ne constituent pas pour autant un cas à part. La vague bleu marine a touché d'autres départements, dont une bonne partie sont situés au sud de la France: Var, Alpes-Maritimes, Vaucluse, etc. Le Nord et le Pas-de-Calais ont également vu leur nombre de députés RN grimper. Plus surprenant, le parti d'extrême droite est parvenu à se faire entendre sur des terres où il n'a a priori pas pignon sur rue, comme en Gironde.
Au total, ce sont 89 députés siglés Rassemblement national qui siègeront au Palais Bourbon à compter du 28 juin.