BFM Lyon
Lyon

Vaulx-en-Velin: les stages de moto pour lutter contre les rodéos urbains, "un succès" pour la mairie

placeholder video
Lancé il y a un an, ce dispositif permettant de pratiquer le deux-roues dans des conditions de sécurité et sans nuisances pour les riverains génère une demande croissante.

L'heure est au premier bilan. Voilà un an que la municipalité de Vaulx-en-Velin, située dans le Rhône, a mis sur pied un dispositif atypique pour lutter contre les rodéos urbains. Elle propose aux adeptes des roues arrière et des pointes de vitesse de quitter les rues et de faire vrombir les motos sur des circuits adaptés. L'occasion, selon Hélène Geoffroy, maire de la commune, de leur "apprendre les règles" de conduite.

Si l'été a été "globalement apaisé" dans les rues de la ville, de l'avis de Stéphane Gomez, son premier adjoint, c'est parce que ces stages constituent "un vrai succès".

Invité de BFM Lyon ce lundi matin, l'élu en veut pour preuve l'évolution de la demande. "On avait prévu une quarantaine de places la première année. Immédiatement, il a fallu qu'on augmente à 70 places. Cette année, on est à 130 places", illustre-t-il.

"Il y a un choix, une sélection"

Les offres de stages sont proposées par le biais d'une association, démarchée par la municipalité, et apparaissent sur les réseaux sociaux, comme Instagram ou Snapchat. "Très rapidement, les jeunes se sont mobilisés pour adhérer. (...) Avec, pour eux, l'envie de prendre du plaisir sans la nuisance", vante le premier adjoint.

Ce dernier aspect est particulièrement mis en exergue par Stéphane Gomez. "On ne récompense pas les délinquants, insiste-t-il en réponse aux critiques dont la mesure fait parfois l'objet. Car l'élu distingue deux profils parmi les adeptes de rodéos urbains: "ceux qui sont dans une logique de délinquance, de nuisance" et ceux "qui veulent juste faire de la moto", reprenant l'argumentaire d'Hélène Geoffroy, pour qui il y a ceux "qui sont liés en réalité au trafic de stupéfiants" et qui "font des roues levées" entre deux livraisons, et ceux qui participent à des rodéos urbains "par désœuvrement".

Stéphane Gomez l'assure: "Il y a un choix, il y a une sélection. Et ce n'est pas ceux qui sont condamnés, multirécidivistes, qui peuvent bénéficier du dispositif. (...) Ceux qu'on accompagne sur les sites de motocross, ce n'est pas ceux qui ont de la condamnation à leur casier."

Un dispositif, deux jambes

La mairie de Vaulx-en-Velin estime que ces stages ne forment qu'une des deux jambes d'un dispositif global. L'autre étant "l'aspect répressif, et on ne le mésestime pas", promet l'élu.

Sur ce volet, Stéphane Gomez tient à rappeler que la municipalité a développé dès 2014 "un système de vidéosurveillance avec une contractualisation avec l'État, pour mettre nos images à la disposition de la police nationale".

"Plus on enlève des routes les jeunes qui ne sont pas là pour faire du trafic, pour prendre du plaisir, en les envoyant sur des sites dédiés, plus on libère pour la police nationale une capacité de concentrer ses efforts sur les vrais délinquants", justifie-t-il.

Vers un durcissement des saisies et des destructions?

Pour le premier adjoint à la mairie de Vaulx-en-Velin, la lutte contre les rodéos urbains passe aussi par le rétablissement d'une police de proximité. Il se réjouit en ce sens de l'arrivée en renfort de 160 agents, promise par Gérald Darmanin, dont l'objectif premier sera de "lutter contre la drogue et l'insécurité".

Stéphane Gomez prône également un durcissement des saisies et des destructions des véhicules utilisés pour les rodéos urbains, assurant qu'il est nécessaire d'avoir "une réponse pénale qui accompagne le volet de médiation qui peut être fait par ailleurs".

Il reste pour autant mesuré vis-à-vis des méthodes d'intervention à mettre en application, et ne semble pas convaincu qu'une éventuelle adoption du contact tactique, utilisé en Grande-Bretagne, soit la bienvenue. "On est la ville où un accident de moto a abouti à des émeutes il y a trente ans. Donc, je pense qu'on ne peut pas débattre, à chaque fait divers, sur la jurisprudence. Il faut que le débat ait lieu de manière apaisée", élude-t-il.

"Une réalité régulière"

La commune de Vaulx-en-Velin n'est pas la seule commune française à faire office de théâtre pour les rodéos urbains. Stéphane Gomez constate même que ce qu'il décrit comme un "fléau" est "monté en puissance ces dernières années".

Pontoise, Colmar, Marseille... les faits divers parfois mortels directement liés ou suivant des rodéos urbains se sont enchaîné cet été.

"On en parle en raison des accidents, fait remarquer l'élu. En-dehors des drames, avec les morts qu'on a connus, c'est aussi une réalité régulière." Et rappelle que les rodéos urbains, "c'est les nuisances sonores, c'est le bruit, c'est le sentiment de ne plus être en sécurité sur les trottoirs, sur l'espace public".

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions