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Oullins-Pierre-Bénite: quel bilan pour l'expérimentation du sens unique de circulation dans la Grande Rue?

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L'expérimentation de la limitation à un seul sens de circulation pour les voitures a pris fin mercredi 16 janvier. La métropole assure avoir collecté un important nombre de données, qu'elle doit exploiter avant de tirer un bilan définitif.

À Oullins-Pierre-Bénite (Rhône), la mobilité est un enjeu crucial. La répartition de la route divise piétons, cyclistes et automobilistes. Dans une volonté de désaturation et de pacification de la Grande rue, la métropole de Lyon a lancé en juillet dernier une expérimentation. L'axe, très fréquenté, a été limité à un seul sens de circulation.

Le test a pris fin mercredi, clôturant la deuxième phase du projet, et le ballet des voitures a repris. Mais l'heure n'est pas encore au bilan complet. "Ça va prendre du temps", prévient Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la métropole de Lyon en charge des mobilités, au micro de BFM Lyon.

"On a beaucoup d'informations, beaucoup de données. On a fait des comptages en janvier 2024, en mai 2024 et en novembre 2024, des comptages dans les rues, des comptages de piétons, de vélos...", relate l'élu vert. Ont également été effectués "des comptages du temps de parcours des bus", ainsi qu'une "enquête auprès des usagers de la grande rue, auprès des commerçants".

Le prochain comité de suivi fixé en février

L'expérimentation a permis d'observer une hausse du nombre de piétons, de cyclistes (de l'ordre de 140%), d'usagers des bus, mais également d'automobilistes. Autre constat: le trafic de transit est descendu de 27 à 23%.

"Ce qui était l'objectif, même si c'est sans doute un peu faible en termes de réduction", reconnaît Jean-Charles Kohlhaas. Dans le même temps, le nombre de personnes "qui venaient de l'extérieur, qui rentrent dans Oullins et qui ne traversent pas, qui restent dans Oullins" a explosé: "On ne s'y attendait pas".

Le prochain comité de suivi, mêlant habitants, commerçants et élus, est planifié au début du mois de février. L'occasion de faire progresser le dossier de l'avenir de la Grande rue. "Un plan de circulation, ça ne se dessine pas sur le coin d'une table en quelques jours. Ça nécessite des études. Il y a évidemment des effets domino quand on ferme une rue", pose l'écologiste, déplorant l'opposition de principe de Jérôme Moroge. Le maire de la commune fusionnée est favorable à un autre scénario, qui pourrait lui aussi faire l'objet d'un test.

Quoi qu'il en soit, avec la perspective des élections municipales et métropolitaines en 2026, "je crois très honnêtement que ce n'est pas la bonne période pour faire des grands chantiers, des grands changements" pour le moment, estime Jean-Charles Kohlhaas.

Les automobilistes favorables au double sens

Sans grande surprise, les automobilistes plaident pour un maintien du double sens de circulation. Pierre, jeune conducteur installé à Oullins-Pierre-Bénite, "gagne bien 5-10 minutes. Ça se joue à pas grand-chose mais quand on est pressé...", souffle-t-il. "Ça fait gagner quelques minutes quand même. Plutôt favorable au double sens", pose Samuel.

Du côté commerçants, le bilan est mitigé. Certains, comme Fatna Sahin, responsable de L'armoire de Céleste, déplorent "une grosse baisse de chiffre d'affaires" par rapport l'année dernière.

"On s'est bien rendu compte qu'on avait un gros manque de trafic. Cette rue à sens unique et l'impossibilité de se garer à Oullins, ça a été très compliqué", résume la vendeuse, dont 45% de la clientèle est établie hors de la commune.

"Prendre un peu de place à la voiture..."

"Le commerce local ne souffre pas qu'à Oullins, il souffre dans toute la France, en premier lieu de la concurrence des grands centres commerciaux et surtout de la vente en ligne", tient à nuancer Jean-Charles Kohlhaas. "Il y a peut-être eu un effet sens unique sur certains commerces et aussi un effet positif pour d'autres commerces."

Les cyclistes, eux, plébiscitent en toute logique le retour au sens unique de circulation. "On demande la pérennisation de la mise en sens unique, dès maintenant, et à continuer à travailler ensemble à des aménagements pour aller dans le sens de la ville de demain: prendre un peu de place à la voiture pour donner un peu de place aux autres modes de déplacement", défend David.

Selon Jean-Charles Kohlhaas, beaucoup prônent l'idée d'apaiser encore un peu plus la ville, d'élargir les trottoirs et de végétaliser l'espace public. Reste à savoir s'ils sont plus nombreux et plus convaincants que les automobilistes et les commerçants déçus par l'expérimentation du sens unique.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions