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Lyon: une septième école occupée pour loger des familles d'enfants sans abri

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Une centaine d'écoliers vivent avec leurs familles dans les rues de l'agglomération. Des associations se mobilisent pour leur venir en aide.

Sur les bancs de l'école la journée, sur le bitume le soir. À Lyon, une cinquantaine de familles et plus de 120 enfants scolarisés sont sans domicile fixe. Alors que le froid gagne du terrain en cette fin d'année, une septième école proposera à compter de ce lundi soir une solution d'hébergement temporaire.

Le collectif "Jamais sans toit", se mobilise pour installer des lits de fortune dans les salles de classe. Véronique, enseignante et membre du collectif, est venue en aide à Gabriella. Cette dernière et ses deux enfants, sans domicile depuis deux ans, dorment depuis deux semaines dans l'école Audrey Hepburn, dans le 9e arrondissement.

"Nous ne savons pas quand cette famille sera hébergée de toute manière. Tant qu'elle sera dehors, nous, nous l'hébergerons", promet Véronique, même si elle regrette que la situation "se répète inlassablement".

Un répit au plus fort de la crise sanitaire

"Nous avons eu deux années de répit 'grâce au Covid', lorsqu'il y avait la grosse pandémie. Les autorités hébergeaient beaucoup plus facilement. Mais c'était une mesure sanitaire", note-t-elle au micro de BFM Lyon.

Dans les écoles qui abritent la nuit des familles, se trouvent des Albanais, des Géorgiens mais aussi des Syriens et des Roumains. La mairie, propriétaire des murs, a fait savoir qu'il n'y aurait pas d'expulsion, indique l'AFP. Néanmoins des familles restent sans solution.

Christelle Bonnet, directrice départementale de l'emploi et des solidarités à la préfecture du Rhône, assure que "les signalements remontent au service des orientations", c'est-à-dire à "la maison de la veille sociale", laquelle "centralise les demandes".

"On est en train d'ouvrir des places actuellement et on en aura 440 d'ouvertes, qui seront des places exceptionnelles, qui vont être ouvertes pendant l'hiver et qu'ensuite on refermera", souligne-t-elle.

Un plan "Zéro enfant à la rue"

Les syndicats d'enseignants ne sont pas pleinement satisfaits de ces mises à disposition d'hébergements temporaires. Ils s'inquiètent particulièrement de l'après période-hivernale et du suivi scolaire des enfants.

"J'ai un cas en tête d'une famille de l'école Alix (occupée depuis la fin du mois de novembre, ndlr) qui a été relogée. Ils sont envoyés à Genas. Ça fait des interruptions de scolarisation, il faut savoir si on change d'école et en même temps, peut-être qu'ils vont changer d'hôtel dans un mois", regrette Benjamin Grandener, co-secrétaire du SNUIPP-FSU du Rhône.

À son échelle, la ville de Lyon s'est engagée dans son plan "Zéro enfant à la rue" à ouvrir 100 places supplémentaires dans des logements et des hébergements collectifs pour une durée de deux ans.

"Un engagement fort"

"C'est un engagement fort du maire de Lyon et de moi-même sur le fait qu'aujourd'hui aucun enfant scolarisé dans la ville de Lyon ne doit dormir dehors", avait indiqué Sandrine Runel, adjointe au maire de Lyon déléguée aux solidarités et à l'inclusion sociale, sur notre antenne au mois d'octobre.

Dans le même esprit, la municipalité a signé la déclaration des droits des personnes sans-abri portée par la Fondation Abbé-Pierre. Des promesses là encore insuffisantes pour le collectif "Jamais sans toit".

Le 20 novembre, à l'occasion de la journée internationale des droits de l'enfant, 250 personnes avaient manifesté dans les rues de Lyon, dont des membres de l'association. Ils souhaitaient alerter sur la problématique des personnes sans domicile et "dénoncer le droit au logement, qui n'est pas respecté pour l'ensemble des enfants de ce pays".

Lucie Jung avec Florian Bouhot