"J'ai une terrasse ici": à Lyon, les emplacements de nouveaux urinoirs à la Guillotière critiqués

Rue Turenne, rue Montebello: on en compte une dizaine, éparpillés autour de la place Gabriel-Péri. Dans le cadre d'une expérimentation, des urinoirs mobiles ont été installés par la mairie de Lyon dans le quartier de La Guillotière ces derniers jours pour en améliorer la propreté.
Dans l'ensemble, l'intention semble louable aux yeux des habitants. Nombre d'entre eux dénonçaient dernièrement une problématique d'hygiène dans le quartier. Mais le choix des emplacements laisse à désirer.
"Je ne suis pas contre parce que, franchement, on voit de l'urine de partout, souligne une passante au micro de BFM Lyon. Seulement, je trouve que c'est un petit peu voyant. Je trouve qu'ils auraient pu mettre une plaque, qu'on ne voit pas la personne, parce que là, il risque d'y avoir de l'exhibitionnisme maintenant." Une autre Lyonnaise regrette de voir un autre urinoir installé "au milieu de la rue".
"Ils n'ont même pas demandé l'avis des commerçants"
Adel Maarouk, gérant d'un café, regrette de ne pas avoir été concerté. "J'ai ouvert le rideau et j'ai découvert les toilettes devant moi, peste-t-il. Ils n'ont même pas demandé l'avis des commerçants."
La vespasienne a pris place devant la vitrine de son enseigne. Pour le confort de ses clients, il a dû coller un film brise-vue.
"J'ai une terrasse ici, une table ici", montre-t-il. J'ai été obligé de fermer le rideau. Comme ça, je ne vois pas les gens qui sont en train de pisser."
Des emplacements évolutifs
La municipalité écologiste assure de son côté que le choix des emplacements a été effectué en concertation et relèvent que ceux-ci peuvent être amenés à évoluer.
"On a pris le temps d'écouter dans nos ateliers, soutient Grégory Doucet, le maire de Lyon. C'est une demande qui est remontée. On satisfait cette demande en se donnant la possibilité de déplacer le mobilier s'il a besoin de l'être."
Et Mohamed Chihi, son adjoint en chargé de la Sûreté et de la Tranquilité, de renchérir: "On peut entendre que les premières installations n'étaient pas convenables. On a tout de suite réagi quand il s'est agi de les déplacer. Nous continuerons à le faire. Il n'est pas question pour nous d'apporter une réponse aux mictions et d'apporter de la gêne voire de l'exhibition."
Pour Grégory Doucet, l'installation des vespasiennes "fait polémique chez certains qui ont envie de faire de la polémique". Elle n'est pas sans rappeler le tollé qui avait suivi le déploiement "des uritrottoirs" à Paris, en 2018.
"Des toilettes, pas des urinoirs"
Nathalie Balmat, présidente de l'association "La Guillotière en colère", confirme que la problématique des "pipis sauvages" a bel et bien été abordée au cours des neuf ateliers organisés.
Mais "unanimement, on a demandé des toilettes, pas des urinoirs, tient-elle à nuancer. L'objet, en lui-même, n'est pas fantastique. Il exclut énormément de monde: les femmes, les enfants. Elle ajoute: "Placé comme il est, c'est hyper méprisant pour celui qui est au-dessus, en face ou dans le commerce à côté".
La mairie n'exclut pas de remplacer des urinoirs provisoires par des toilettes publiques fermées et accessibles aux femmes. Une première doit être aménagée sur la place Raspail, une autre sur les berges du Rhône.