Expulsion des délinquants étrangers: pour Grégory Doucet, "la double peine n'est pas efficace"

Le maire de Lyon Grégory Doucet est revenu, au micro de BFMTV, sur l'épisode de violences contre des policiers survenu le 20 juillet à la Guillotière. Trois policiers avaient été violemment agressés, des faits qui avaient été rapidement condamnés par le maire Europe Ecologie-Les Verts.
L'élu écologiste s'était rendu sur les lieux le 29 juillet, la veille de la visite du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qu'il avait réfusé de rencontrer. "Le maire de Lyon n'est pas là pour faire la communication politique du ministre de l'Intérieur", s'est expliqué Grégory Doucet ce samedi matin.
Un appel à augmenter les effectifs de la police nationale
Le maire de Lyon a affirmé vouloir avant tout que Gérald Darmanin "tienne ses promesses" envers la municipalité. "Ce que j’attends du ministre de l’Intérieur, c’est qu’il réalise les promesses qu’il m’a fait il y a deux ans, puisqu’il s’était engagé à augmenter les effectifs de la police nationale sur Lyon et c’est d’abord ça qui est attendu de lui ici dans la commune."
La police nationale et municipale "travaillent main dans la main" sur le quartier de la Guillotière a tenu à préciser le maire de la ville. Sur la place Gabriel-Péri, "il y a une présence policière à travers la police municipale tous les matins et l'après-midi c'est la police nationale qui prend le relais".
Grégory Doucet croit en une double-réponse contre la délinquance dans sa commune: "On y travaille, avec une partie répressive et un ensemble d'actions culturelles et sociales".
571 caméras déjà installées à Lyon
Gérald Darmanin avait recommandé à la municipalité d'augmenter la vidéo-surveillance pour lutter contre la délinquance à la Guillotière. De son côté, Grégory Doucet estime que la ville de Lyon met déjà en oeuvre de nombreux moyens. "Laisser penser que la ville, sur ce territoire, ne serait pas assez équipée est juste une absurdité", a-t-il déclaré.
"Sur le quartier de la Guillotière et autour de la place Gabriel-Péri, ce sont déjà 37 caméras qui ont été installées." L'ensemble de la ville comprendrait 571 caméras ainsi que des caméras nomades selon Grégory Doucet. "La ville de Lyon est l'une des vingt villes les plus équipées de France".
"On a augmenté les effectifs de la police municipale depuis mon arrivée, on recrute massivement et on a augmenté leur rémunération pour rendre la fonction plus attractive. Il y a eu des investissements dans les équipements et les locaux."
La mairie réticente à renforcer la sécurité de la ville? Un "faux procès" selon l'édile.
L'écologiste ajoute avoir "entièrement confiance" en sa police municipale, et croit en une réponse "coordonnée avec les différents services de la police nationale et ceux du procureur", d'où le besoin de plus de policiers nationaux sur le territoire lyonnais selon lui.
Le ministre de l'Intérieur a proposé au maire de Lyon de se rencontrer dans un mois, le 5 septembre, pour discuter de "la sécurité des Lyonnais".
"La double peine n'est même pas efficace"
Grégory Doucet est également revenu sur la volonté du ministre de l'Intérieur d'amplifier les sanctions sur les délinquants et les étrangers. Déjà évoqué lors de l'annonce de création d'un centre de rétention administrative (CRA) près de l'aéroport Saint-Exupéry, Gérald Darmanin a de nouveau soutenu son projet en s'appuyant sur le cas de l'imam Hassan Iquioussen à Lille.
Le maire de Lyon évoque quant à lui une non-solution. "Je ne suis pas favorable à ce qu’on réintroduise la double peine en France. Elle n’est même pas efficace en matière de réponse pénale", a-t-il affirmé. "En France, il y a un principe, c'est qu'on est sanctionné pour le délit ou le crime qu'on a commis."
Pour le maire, la sanction doit être proportionnelle à l'acte commis, pour un Français tout comme un étranger. Le problème, selon Grégory Doucet, ne se résout pas en "créant de nouvelles lois", mais en utilisant "l'arsenal juridique" français qui permet déjà de "traiter un délit".
La première chose à faire, "avant de créer de nouvelles lois, est d'investir dans notre justice", conclut l'élu.