Lyon: ce que l'on sait de l'agression de trois policiers lors d'une interpellation à la Guillotière

Trois policiers ont été agressés mercredi soir, dans le quartier de la Guillotière à Lyon. Les faits se sont déroulés alors qu'ils tentaient d'interpeller un individu pris en flagrant délit de vol à l'arraché. Une enquête a été ouverte.
· Un vol à l'arraché en flagrant déli
Mercredi vers 19h20, trois policiers en civil de la brigade de contrôle des transports en commun (SISTC) constatent un vol à l'arraché dans ce quartier du 9e arrondissement de Lyon. Un "collier en or" aurait été dérobé selon le syndicat Alliance Police nationale du Rhône.
Les trois agents poursuivent alors l'auteur des faits et l'interpellent sur la place Gabriel-Péri, en le plaquant au sol, comme le montre des vidéos de témoins. Ils sont ensuite pris à partie par une cinquantaine de personnes tentant de libérer le suspect. La foule donne des coups de pied, de poing et utilise du gaz lacrymogène contre les forces de l'ordre.
Une policière tente de repousser les individus à coup de matraque alors que le suspect s'accroche à la gouttière d'un supermarché pour leur échapper. Les trois membres de forces de l'ordre sont contraints de se réfugier dans le magasin alors que le suspect parvient à s'enfuir.
Des renforts policiers arrivent ensuite, alertés par les images de vidéo-surveillance, pour exfiltrer leur collègue.
· Une enquête ouverte
Deux des trois policiers présents ont été blessés, l'un a eu une incapacité de travail de deux jours et l'autre de sept jours.
Le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour "vol" et "violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique", d'après les informations de BFM Lyon. L'enquête a quant à elle été confiée à la sûreté urbaine et cherche à identifier les personnes qui ont porté les coups aux agents.
Du côté de la Ville de Lyon, l'adjoint à la sécurité Mohamed Chihi a affirmé sur Twitter que "le Centre de Supervision Urbain (CSU) a été saisi".
Selon plusieurs sources contactées par BFMTV, l'homme, auteur du vol à l'arraché, est connu défavorablement des services de police et pourrait être interpellé prochainement.
· Des "violences insupportables" pour Darmanin
Cette agression et les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux ont beaucoup fait réagir du côté de la classe politique. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin leur a rapidement apporté son soutien.
"Plein soutien à nos 3 policiers victimes de violences insupportables à Lyon lors d’une opération pour reprendre le terrain à la délinquance. À ma demande, tous les moyens sont mobilisés pour interpeller les auteurs", a déclaré le ministre de l'Intérieur sur Twitter.
Le maire de Lyon Grégory Doucet a également affirmé que "rien ne peut justifier les violences exercées à l'encontre des policiers nationaux dans le quartier de la Guillotière" et que la Ville "se mobilise pour faire avancer l'enquête".
· L'inaction de la municipalité pointée du doigt
Mais la municipalité a fait l'objet de vives critiques de la part de l'opposition qui l'a attaqué sur son "inaction" en matière de sécurité. L'ancien maire Gérald Collomb a affirmé au micro de BFMTV ce jeudi, "ne plus reconnaître sa ville".
"Il n'y a pour le moment aucun projet qui a été mené alors que nous avons sur ce quartier, qui était déjà difficile par le passé, fait faire une enquête où étaient mentionnées toutes les mesures à prendre et aucune n'a été prise depuis deux ans", a-t-il déclaré.
Renaud Pfeffer vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes en charge de la sécurité, a quant à lui déclaré que la Guillotière est "une zone de non-droit" où "les commerces et les habitants sont excédés".
"Au-delà (du fait) que la Ville de Lyon ne mette aucun moyen sur la sécurité, il manque des policiers municipaux et il manque 300 policiers nationaux qui ont été promis par le ministre de l'Intérieur et qui doivent arriver au plus vite renforcer les effectifs à Lyon", poursuit-il sur BFMTV.
· Un quartier au coeur des tensions
Ce n'est pas la première fois que la Guillotière est au coeur des débats. Ce quartier lyonnais est souvent pointé du doigt par les commerçants et habitants pour son insécurité, insalubrité ou encore les violences en tout genre qui s'y déroulent.
Une association avait même été créée il y a presque trois ans, "La Guillotière en colère", avant d'annoncer sa dissolution le 11 juillet dernier. Dans son dernier communiqué, elle a fustigé une dernière fois "le déni", "les mensonges" et "la sourdre oreille" des autorités lyonnaises sur ces questions.
En février dernier, une brigade spécialisée de terrain composée de 31 policiers a été déployée dans les quartiers de la Guillotière et de la Part-Dieu. Sa création avait été annoncée en décembre dernier par le préfet du Rhône.
À la demande de Gérald Darmanin, les opérations de police vont encore être renforcées dans le quartier, a annoncé le préfet du Rhône ce jeudi.