BFM Lyon
Lyon

Coran brûlé à Villeurbanne: l'inquiétude de la communauté musulmane, qui déplore un "climat délétère"

placeholder video
Alors qu'un homme a volé puis brûlé un Coran à la mosquée Errahma de Villeurbanne dans le nuit du 1er au 2 juin, la communauté musulmane locale s'inquiète de voir "monter le racisme et l'intolérance".

La communauté musulmane de Villeurbanne est sous le choc. Dans la nuit du dimanche 1er au lundi 2 juin, un homme s'est introduit dans la mosquée Errahma, où il s'est saisi d'un Coran avant de le brûler et de le déposer à l'extérieur du bâtiment religieux. Recherché durant plusieurs heures, le suspect a finalement été interpellé ce mardi 3 juin, a appris BFMTV de la part du procureur dans la soirée.

"On est tous abattus, on a peur. Je sais pas quoi vous dire... C'est inquiétant, on sent monter le racisme et l'intolérance. On est là pour prier, pas pour autre chose", déclare Kamel, un fidèle, au micro de BFM Lyon.

Il poursuit en faisant référence aux actes islamophobes récents, notamment l'assassinat d'Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard. "Il faut arrêter maintenant, que ça se calme", implore-t-il. S'il avoue être inquiet, il assure qu'il continuera de se rendre à la mosquée.

Un "climat islamophobe"

"Depuis 1974 on est là. Nos enfants sont français. Chacun sa religion. Faire ça, c'est débile", ajoute un autre fidèle, selon qui il ne "faut pas qu'on rentre dans ce système là, il faut qu'on soit tous unis.

Nabil Bousslama, secrétaire de l'association de la mosquée Errahma, détaille le déroulé de cet "acte immonde" au micro de BFM Lyon. Alors que la première prière de la journée avait lieu aux alentours de 4 heures, "un fidèle s'est rendu compte qu'un Coran était en train de brûler".

En consultant les images de vidéosurveillance, Nabil Bousslama a constaté qu'un homme est entré dans la mosquée avec ses chaussures. Un fidèle lui a alors fait remarquer qu'il devait les retirer dans la mosquée. Le suspect est ressorti, a enlevé ses chaussures et a finalement saisi le Coran pour le brûler.

"La personne est venue à visage découvert (...), personne ne sait qui c'est", assure Nabil Bousslama. Ce dernier déplore un "climat raciste, antisémite et islamophobe" qui provoque de la "peur" chez les croyants. Il évoque notamment l'attentat raciste qui s'est produit dans le Var le 31 mai.

"Au niveau de la mosquée, on trouve que c'est un climat un peu délétère. Les gens ont un peu peur, il se disent 'la mosquée, c'est comme la maison: c'est l'endroit où on est censés être en paix et en sécurité'", s'inquiète-t-il.

"Apaiser le débat public"

Le secrétaire de l'association de la mosquée Errahma évoque "de très bonnes relations avec le voisinage" et un "dialogue inter-religieux" régulier. "On a eu le soutien de nos amis juifs", ajoute-t-il, affirmant que "plus aucun lieu de culte n'est à l'abri".

"Ici à Villeurbanne, on a toujours bien vécu en coordination avec les autres religions et avec les gens qui n'ont pas de religion", assure Nabil Bousslama, qui ne veut pas "tomber dans la paranoïa". Il met en avant le don symbolique effectué par une personne non-musulmane ce mardi, afin de racheter un Coran.

Pour Nabil Bousslama, la priorité et d"'apaiser le débat public". Une plainte a été déposée par l'association de la mosquée, la police doit désormais étudier les images de vidéosurveillance.

À l'heure actuelle, un seul fidèle ouvre la mosquée le matin. Nabil Bousslama va faire appel à d'autres "bénévoles" pour l'accompagner, et évoque la possibilité de demander à un fidèle de surveiller les abords de la mosquée durant les prières. La préfète du Rhône, ainsi que des élus locaux, ont apporté leur soutien à la mosquée et aux fidèles.

Le parquet a confirmée à BFM Lyon qu'une enquête, du chef de "dégradation ou détérioration dangereux pour les personnes commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion", avait été ouverte. Elle a été confiée à la direction interdépartementale de la police nationale.

Lucie Nolorgues avec Mathias Fleury