Bébé à la rue à Lyon: Grégory Doucet demande à la préfecture de prendre "ses responsabilités"

Lundi dernier, un bébé de quelques jours s'est retrouvé à la rue à Lyon, sans solution d'hébergement pour lui et sa maman. Invité de BFM Lyon ce lundi 26 août, le maire (Les Écologistes) Grégory Doucet est revenu sur cette situation qu'il juge "très préoccupante".
"Depuis le début de l'été, les services de la préfecture ont décidé de mettre en place un nouveau critère de vulnérabilité qui les a conduits à estimer qu'un nourrisson de quelques jours ne rentrait plus dans ces critères et pouvait être laissé sans solutions", explique l'édile.
"On a franchi un nouveau cap"
Grégory Doucet indique qu'"un nouveau cap" a été franchi par la préfecture. "C'est d'abord à l'État de proposer des solutions. On ne laisse pas un nourrisson de quatre jours à la rue, ce n'est pas possible", souffle le maire de la ville de Lyon.
Quant à savoir si la ville peut agir en proposant des nuits d'hôtel à cette famille, le maire répond que ce n'est pas une solution.
"On a déjà très largement tendu la main à la préfecture, mais que la mairie propose des nuits d'hôtel, ce n'est pas une solution, il faut d'abord que ce soit la préfecture qui prenne ses responsabilités. S'il s'agit de prendre des nuits d'hôtel, la préfecture peut le faire", souligne-t-il.
"Nous faisons plus que de prendre notre part"
Pour l'édile, la ville et la métropole de Lyon ont déjà dépassé leurs prérogatives. "Nous faisons plus que de prendre notre part", indique Grégory Doucet.
"À prendre en charge des publics qui ne relèvent pas de nos responsabilités et bien on se retrouve dans une situation d'engorgement. Aujourd'hui, les réponses et je le dis très clairement, elles doivent être apportées par l'État, par les services de l'État et précisément ici, par la préfecture", insiste le maire de la ville de Lyon.
Grégory Doucet demande à la préfecture de revenir sur son nouveau critère de vulnérabilité.
"Ce nouveau critère de vulnérabilité ne fait aucun sens. Il a provoqué beaucoup d'émois dans le milieu des professionnels de l'accompagnement social et aussi des professionnels de la santé. Mettez-vous à la place d'une équipe qui a aidé une femme a accoucher et qui sait quelques jours plus tard que le couple avec cet enfant, va se retrouver à la rue: ce n'est pas acceptable", conclut-il.
La semaine dernière, indignée par l'absence de solution apportée à ce bébé, Maud Bigot, directrice opérationnelle au Samu social de Lyon, était aussi montée au créneau en partageant "sa honte de l'accueil qu'on [lui] réserve sur cette terre (parce que) des gens décident que ça coûte trop cher que tout le monde soit logé".
Cet épisode dramatique met une nouvelle fois en lumière la crise de l'hébergement d'urgence et plus généralement du logement. Courant juillet, la métropole de Lyon avait décidé de suspendre temporairement la mise à l'abri des personnes à la rue pour dénoncer "l'inaction de l'État". La majorité métropolitaine considérait que la préfecture ne mettait pas les moyens pour permettre aux personnes mises à l'abri de bénéficier d'un parcours vers des hébergements sociaux pérennes.
La préfecture du Rhône estimait alors prendre sa part en rappelant qu'elle héberge ou loge 24.000 personnes et finance des places auprès de partenaires. "En 10 ans, le parc d’hébergement d’urgence a plus que doublé pour atteindre 8.000 places", indique-t-elle auprès de BFM Lyon.
Mais les services de l'État dans le Rhône rappellent que les capacités d'hébergement d'urgence sont saturées par l'accueil au long cours de migrants sans droit, ni titres de séjour.