Lyon: la directrice opérationnelle du Samu social indignée face à un bébé de 11 jours à la rue

Indignée par l'absence de solution apportée à un bébé de 11 jours, Maud Bigot, directrice opérationnelle au Samu social de Lyon, est montée au créneau.
Dans un texte publié sur son compte Linkedin ce vendredi 16 août, elle partage "sa honte de l'accueil qu'on [lui] réserve sur cette terre (parce que) des gens décident que ça coûte trop cher que tout le monde soit logé".
"Je me demande ce que c’est que de découvrir la rue depuis le bitume, dans la chaleur et les bras d’une mère qui ira puiser dans son cœur les forces qu’elle n’a pas encore retrouvées pour t’envelopper et t’aimer", poursuit-elle.
Également présidente de la Fédération des Samu sociaux, elle avait déjà tiré la sonnette d'alarme sur le sans-abrisme des enfants l'hiver dernier.
Un bras de fer entre la préfecture et la métropole
Cet épisode dramatique met une nouvelle fois en lumière la crise de l'hébergement d'urgence et plus généralement du logement. Courant juillet, la métropole de Lyon avait décidé de suspendre temporairement la mise à l'abri des personnes à la rue pour dénoncer "l'inaction de l'État". La majorité métropolitaine considérait que la préfecture ne mettait pas les moyens pour permettre aux personnes mises à l'abri de bénéficier d'un parcours vers des hébergements sociaux pérennes.
La préfecture du Rhône estime prendre sa part en rappelant qu'elle héberge ou loge 24.000 personnes et finance des places auprès de partenaires. "En 10 ans, le parc d’hébergement d’urgence a plus que doublé pour atteindre 8.000 places", indique-t-elle auprès de BFM Lyon.
Mais les services de l'État dans le Rhône rappellent que les capacités d'hébergement d'urgence sont saturées par l'accueil au long cours de migrants sans droit, ni titres de séjour. La préfecture rappelle par ailleurs que la métropole de Lyon dispose des compétences pour prendre en charge les mères isolées.
L'hôpital Saint-Joseph Saint-Luc en première ligne
De son côté, l'hôpital Saint-Joseph Saint-Luc, qui s'occupe chaque année de 400 mères en situation de précarité, notamment des femmes isolées, enjoint la métropole à la reprise des mises à l'abri.
"La décision mi-juillet de la métropole de Lyon de suspendre temporairement les mises à l'abri a mis en difficulté non seulement les familles concernées, mais aussi l'hôpital et son personnel hospitalier très attaché au bien-être des patients et qui doit aujourd'hui faire face à des situations humaines particulièrement délicates à gérer", réagit l'établissement auprès de BFM Lyon.
Jacques de Chilly, président du conseil d'administration de Saint-Joseph Saint-Luc a ainsi adressé un courrier au président de la métropole pour "lui faire part de ces difficultés". L'hôpital précise, en cette période de pression accrue sur le logement, ne pas disposer de capacité d'accueil supplémentaire.