Tuerie dans le Nord: qui est Paul D., le tireur présumé

Il reste encore "des zones d'ombre" après la tuerie dans le Nord survenue ce week-end. Le tireur présumé se nomme Paul D., il est âgé de 22 ans et vit à Ghyvelde (Nord). Il a été placé en garde à vue samedi 14 décembre en fin d'après-midi après s'être rendu de lui-même à la gendarmerie de sa ville.
Charlotte Huet, la procureure de la République de Dunkerque, lors d'une conférence de presse ce mardi 17 décembre, a annoncé sa mise en examen pour "assassinat" pour ses trois premières victimes et "meurtre" pour les deux dernières.
Ses voisins n'en reviennent pas. "Je n'ai pas compris. Je suis choquée", assure l'une d'elle au micro de RMC.
Plus de 48 heures après les faits, la piste d'une vengeance professionnelle est privilégiée en ce qui concerne les trois premiers meurtres. D'après l'avocate du suspect, Véronique Planckeel, son client en voulait à sa première victime, un homme de 29 ans tué vers 15h15 devant son domicile de Wormhout, qui dirigeait une société de transport routier.
Cet homme était son ancien employeur, mais "on ne sait pas la manière dont s'est rompu le contrat de travail", souligne-t-elle à l'AFP. Malgré cette animosité, "le mobile, on ne le connaît pas, pas vraiment (...) Beaucoup de zones d'ombre demeurent", ajoute-t-elle.
D'après la procureure de la République, la fin du contrat de travail du suspect n'avait pas fait l'objet d'un "contentieux", le chef d'entreprise de 29 ans "avait licencié le mis en cause au début du mois d'octobre".
Un homme "craintif"
Le tueur présumé a en outre été salarié de l'entreprise Eamus Cork Security (ECS) pour laquelle travaillaient ses deux victimes suivantes, deux agents de sécurité, a indiqué lors d'un point-presse Patrick Guerbette, fondateur d'ECS. Il y avait "travaillé six mois", d'après la magistrate.
Il y a effectué "une période de formation et de contrat de professionnalisation (...) il y a plus d'un an et demi" durant laquelle il n'a été la cible d'"aucun reproche", a ajouté Patrick Guerbette. "Puis, il a décidé de mettre fin à sa mission en envoyant un simple mail, signalant qu'il s'orientait vers une formation de transport routier", rapporte-t-il, relayé par La Voix du Nord.
Selon ce dernier, les salariés de l'entreprise se souviennent "d'une personne très effacée qui n'a pas laissé beaucoup de traces. Il était décrit comme plutôt frêle, voire craintif, très neutre".
Le jeune homme n'a pas évoqué de "différend particulier" avec ces deux victimes âgées de 33 et 37 ans, mais un ressentiment "davantage tourné sur la direction" de leur entreprise, a précisé la procureure.
"N'importe qui (...) aurait pu être une victime"
Selon Patrick Guerbette, il n'avait alors "pas du tout" été en contact avec les deux agents pris pour cible. Ces deux pères de famille trentenaires, Marc et Aurélien, ont été tués vers 16 heures dans la zone portuaire de Loon-Plage, en périphérie de Dunkerque. Ils étaient en mission de surveillance à bord d'un véhicule d'entreprise, a ajouté lors du point-presse Bruno Willems, PDG d'ECS.
Pour Patrick Guerbette, "n'importe qui, qui se serait trouvé là, à ce moment-là sur la route, aurait pu être une victime."
D'après l'avocate du suspect, sur les deux agents de sécurité, "il en connaissait un de vue, semble-t-il, c'est tout".
Concernant les deux dernières victimes, tuées à proximité d'un campement, pour l'heure, rien ne semble l'expliquer. Il s'agit de deux migrants de nationnalité iranienne, comme l'a confirmé la procureure de Dunkerque.
"Il n'y a pas eu d'altercation, il n'y a pas eu d'insultes (...) c'est simplement l'endroit où ils se trouvaient, leur couleur de peau, qui fait qu'on leur a tiré dessus", s'attriste Claire Millot, vice-présidente de l'association Salam, au micro de BFMTV.
Placé en détention provisoire
Le suspect "est inconnu des services de police et de l'autorité judiciaire" et n'a pas présenté, lors de sa garde à vue, "d'abolition ou d'altération du discernement", a expliqué Charolotte Huet.
"L'arme principalement utilisée pour les meurtres est une carabine de calibre 44", a expliqué la procureure de la République de Dunkerque. "Un fusil de chasse a également été utilisé", a-t-elle ajouté. Au total, cinq armes ont été retrouvées dans son véhicule, et "12 armes à feu" ont été découvertes lors d'une perquisition menée à son domicile.
Après sa mise en examen, l'accusé a été placé en détention provisoire. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.