Tuerie dans le Nord: des "zones d'ombre" subsistent autour du mobile du suspect, selon son avocate

Des CRS bloquent une route près d'un camp de migrants où deux gardes de sécurité et deux migrants ont été abattus, près de Dunkerque, le 14 décembre 2024, dans le Nord. - Bernard BARRON / AFP
L'homme suspecté des cinq meurtres samedi 14 décembre dans le Nord, avait de la rancœur contre sa première victime, qui était son ancien employeur, a appris l'AFP lundi auprès de son avocate, pour qui "beaucoup de zones d'ombre demeurent" néanmoins sur le mobile.
Placé en garde à vue samedi après-midi après s'être rendu de lui-même à la gendarmerie de Ghyvelde (Nord), le suspect de 22 ans, "a spontanément reconnu les faits et est très posé, très calme", assure à l'AFP son avocate, Véronique Planckeel.
L'avocate n'est cependant "pas sûre que ce garçon comprenne vraiment les conséquences de ses actes" ni qu'il "sache lui-même quoi répondre" aux enquêteurs.
"Le mobile, on ne le connaît pas, pas vraiment"
Véronique Planckeel affirme que son client en voulait à sa première victime, un homme de 29 ans tué vers 15h15 devant son domicile de Wormhout, qui dirigeait une société de transport routier. Cet homme était son ancien employeur, mais "on ne sait pas la manière dont s'est rompu le contrat de travail", souligne-t-elle.
Malgré cette animosité, "le mobile, on ne le connaît pas, pas vraiment (...) Beaucoup de zones d'ombre demeurent", ajoute-t-elle.
Concernant les deux agents de sécurité tués près d'une heure plus tard sur leur lieu de travail à Loon-Plage, en périphérie de Dunkerque, "il en connaissait un de vue, semble-t-il, c'est tout", indique l'avocate.
Selon une source proche du dossier, une vengeance après un différend professionnel fait partie des pistes privilégiées.
Le suspect ne connaissait pas les autres victimes
Le tueur présumé a en outre été salarié de l'entreprise Eamus Cork Security (ECS) pour laquelle travaillaient ses deux victimes suivantes, deux agents de sécurité, a indiqué lors d'un point-presse Patrick Guerbette, fondateur d'ECS.
Il y a effectué "une période de formation et de contrat de professionnalisation (...) il y a plus d'un an et demi" durant laquelle il n'a été la cible d'"aucun reproche", a ajouté Patrick Guerbette. Selon lui, il n'avait alors "pas du tout" été en contact avec les deux agents pris pour cible.
Ces deux pères de famille trentenaires, Marc et Aurélien, ont été tués vers 16h00 dans la zone portuaire de Loon-Plage, en périphérie de Dunkerque. Ils étaient en mission de surveillance à bord d'un véhicule d'entreprise, a ajouté lors du point-presse Bruno Willems, PDG d'ECS.
Pour Patrick Guerbette, "n'importe qui qui se serait trouvé là, à ce moment-là sur la route, aurait pu être une victime."
D'après l'avocate du suspect, sur les deux agents de sécurité, "il en connaissait un de vue, semble-t-il, c'est tout".
Enfin, ajoute-t-elle, il n'y a pour l'heure "pas d'explication" au meurtre de deux migrants, qui pourraient être de nationalité iranienne, selon le parquet de Dunkerque, à proximité d'un campement.
Ceux-ci "pourraient être de nationalité iranienne (...) âgés de 19 et 30 ans", a indiqué dimanche la procureure de Dunkerque, Charlotte Huet, par un communiqué. La source proche du dossier rapporte qu'ils auraient été pris pour cible par hasard.
Des crimes passible de la réclusion à perpétuité
Le suspect "est inconnu des services de police et de l'autorité judiciaire" et "plusieurs armes à feu ont été retrouvées dans sa voiture", a indiqué la procureure de Dunkerque, Charlotte Huet, dimanche.
L'enquête a été ouverte pour "meurtres précédés, accompagnés ou suivis d'un autre crime" et "acquisition, détention, port et transport d'armes de catégorie A et B", des faits passibles de la réclusion à perpétuité.
Lundi matin, Véronique Planckeel n'avait pas été informée d'une prolongation de la garde à vue de son client. Mais, "compte tenu de la constatation d'infractions à la législation sur les armes, cette (garde-à-vue) peut durer jusqu'à 96 heures, c'est-à-dire jusqu'à mercredi", a précisé la procureure dimanche.