Nord: un artiste cambrésien veut réparer les coraux grâce à de la dentelle

La Dentelle de Calais va mal. L’une des dernières usines de dentelles, Desseilles, a été placée en redressement judiciaire la semaine dernière par le tribunal de commerce de Boulogne sur mer. - Philippe Huguen - AFP
Un Cambrésien à Dubaï. L'artiste-plasticien Jérémy Gobé expose depuis le 1er octobre une œuvre mêlant corail et dentelle dans le cadre de l'exposition Futurotextiles présentée par le Pavillon France pour l'exposition universelle de Dubaï jusqu'en mars 2022), comme le rapporte La Voix du Nord.
Depuis une dizaine d'années, Jérémy Gobé travaille sur le projet "Corail artefact" de régénérescence du corail grâce à la dentelle. Il utilise la fibre textile comme support de régénération des récifs. Une sorte de tuteur pour permettre aux larves de corail de se fixer et de se développer en milieu sous-marin.
"Il faut imaginer que le corail est un animal qui, pour se déployer, expulse des larves (...) qui retombent, se refixent sur le corail, en créant un nouveau tissu qui va se développer et régénérer le tissu. Sauf qu'à cause du réchauffement climatique, le corail est stressé et meurt plus rapidement. Il faut donc augmenter la régénération des récifs, c'est-à-dire de capter plus de larves", expliquait l'artiste en 2019 dans une interview à la chaîne YouTube "Les Pandas Roux".
Une fibre textile à la rescousse de l'océan
Avec un tiers de la biodiversité maritime, les coraux représentent un formidable réservoir de vie sous-marine, sans compter leur rôle de capteur de CO2, de protection des littoraux, ou de barrière naturelle contre les tempêtes et tsunamis. Mais ils sont menacés de disparition à cause du réchauffement climatique et de la pêche. Une étude publiée dans la revue Nature en 2018, estimait qu'un tiers de la Grande Barrière de corail avait disparu en 2016 lors de la vague de chaleur et que l'intégralité des coraux pourraient disparaître d'ici 2050.
Des chercheurs travaillent depuis des années sur l'utilisation de la dentelle comme support pour le corail, car la fibre textile présente plusieurs avantages: d'une part elle répond aux critères de rugosité, souplesse et transparence, d'autre part "elle est végétale, donc biodégradable, sans rejet de substance chimique", ajoute Jérémy Gobé.
En juin 2020, l'artiste a pu tester son projet dans l'aquarium Nausicaa de Boulogne-sur-Mer: "Les boutures ont grandi sur la structure pendant 6 mois dans un bassin sous la surveillance quotidienne des biologistes et sous l’œil d’une caméra qui a servi à l’élaboration d’un time-lapse", peut-on lire en ligne. Une expérience artistique doublée d'une étude scientifique, donc.