"J'ai dû me réinventer": le témoignage de Franck, guitariste valenciennois rescapé du Bataclan

Sa diction est lente, saccadée, émue, lorsqu'il se replonge dans ses mémoires, cette soirée du 13 novembre 2015. Franck, guitariste valenciennois, était présent dans la fosse du Bataclan, au milieu d'une foule de 1500 personnes, quand trois terroristes ont fait irruption. À 48 heures de l'ouverture du procès, il témoigne pour BFM Grand Lille.
"131 victimes." L'homme à la longue barbe brune et grise marque une pause. "J'ai pas une égratignure... physique. Le reste, bon...", dit-il, semblant se demander comment il a pu réchapper à l'attaque. Près de six ans après, "je me retrouve impacté par l'événement", poursuit Franck.
"Ça a bouleversé complètement ma vie. Le bonhomme que j'étais avant, quelque part, est mort ce soir-là, reconnaît-il. Mais j'ai dû me réinventer. J'ai dû réinventer quelque chose. Le bonhomme que je suis maintenant est riche de tout ça."
Le "devoir d'être heureux"
S'il se sent mieux, Franck préfère par pudeur ne pas revenir sur ce qu'il a vécu au Bataclan. Son statut de rescapé lui confère néanmoins le "devoir d'être heureux", estime-t-il. Et d'insister: "On a cette obligation d'être heureux".
Par le biais du procès, contrairement à d'autres survivants, il garde l'espoir de comprendre un peu mieux ce qui s'est passé le 13 novembre 2015. Comme près de 1800 personnes, Franck s'est constitué partie civile.
"J'attends que la justice s'applique raisonnablement, explique-t-il. J'attends aussi que toute la lumière soit faite sur le mécanisme, sur le comment."
Le musicien assistera à ce procès inédit par son ampleur et sera présent chaque fois qu'un ami sera à la barre. Les audiences dureront près de neuf mois. Vingt personnes, dont Salah Abdeslam, unique survivant des commandos terroristes, comparaîtront devant la cour d'assises spéciale.