Hauts-de-France : la région ne reprendra pas ses paiements à la SNCF

Le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, pointe l'absence d'amélioration significative en matière de retards et d'annulations des trains.

Les tensions ne s'apaisent pas entre la région Hauts-de-France et la SNCF. Xavier Bertrand, président (LR) du conseil régional, a mis sa menace à exécution, annonçant ce jeudi que la région ne reprendra pas ses paiements à la SNCF.

"Il ne faut pas manquer de culot!", s'est exclamé Xavier Bertrand devant les élus de la région, réunis ce jeudi en séance plénière. L'élu a été le destinataire, le 20 juin dernier, d'un courrier de la direction régionale de la SNCF exhortant la région à reprendre ses paiements, suspendus en décembre dernier, et à s'acquitter d'ici le 30 juin de la somme due, soit 44 millions d'euros.

"Le 20 juin dans la région des Hauts-de-France, 126 suppressions de trains, soit un taux de 10%, là où il devrait être à moins de 3%. Un taux de régularité le 20 juin de 86%, là où il devrait être de 97%. Vingt-deux suppressions sur les trains stratégiques pour 75% de régularité, et on m'envoie ce courrier-là? C'est une honte", s'est exclamé l'ancien ministre. Chaque année, la région des Hauts-de-France verse 500 millions d'euros à la SNCF.

Les paiements déjà suspendus il y a plusieurs mois

En décembre 2021, déjà, la région avait décidé de suspendre ses paiements à la SNCF. Elle déplorait alors, et depuis plusieurs mois, de nombreux "dysfonctionnements rencontrés quotidiennement" sur le réseau TER, le deuxième le plus dense de France, avec 1250 trains chaque jour.

Retards, supressions, manque de confort : dans un communiqué publié en octobre 2021, la région exprimait son "ras-le-bol" quant à la "dégradation récurrente de la qualité de service offert aux voyageurs" du réseau de transport ferroviaire.

Après discussions entre Franck Dhersin, vice-président du conseil régional en charge des mobilités et Luc Lallemand, président directeur général de SNCF Réseau, un contrat de performance avait été signé en janvier. Il engageait les deux parties à "améliorer la performance des circulations sur le réseau TER".

La collectivité avait ensuite annoncé en mars reprendre ses paiements mensuels à la SNCF, prenant acte d'une certaine "amélioration" des services, et s'engageant à verser graduellement les impayés. Mais la région n'a versé que trois mensualités dues, jugeant que la qualité du service, en matière de retards et annulations de trains, n'avait pas encore atteint le niveau prévu par la convention liant les deux organismes, a indiqué Franck Dhersin à l'AFP.

"On est revenus aux même mauvais résultats qui nous avaient poussés à suspendre les paiements", a estimé Franck Dhersin. La région va par contre continuer à s'acquitter normalement des mensualités en cours, a-t-il noté.

Une application pour exprimer son mécontentement

La semaine dernière, le conseil régional a lancé l'application Rezo, qui permet aux usagers des TER dans les Hauts-de-France de signaler en temps réel les problèmes rencontrés sur le réseau de transport ferroviaire.

"Elle va me permettre de venir avec des éléments supplémentaires et bien plus précis, de manière à pointer du doigt là où ça ne va pas. Et d'obliger, surtout, la SNCF à s'améliorer elle-même en termes de communication", avait déclaré Franck Dhersin à l'occasion de la sortie de l'application.

Un moyen pour la région de recenser les difficultés et de collecter les données, mais aussi de maintenir la pression exercée sur la SNCF.

Sarah Boumghar avec AFP