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"Être solidaires entre nous": à Arras, le difficile retour à la vie normale après la mort de Dominique Bernard

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Élèves, parents, communauté éducative, habitants: l'ensemble de la commune est plongé dans une profonde sidération depuis l'assassinat du professeur de lettres. Mais chacun tente de rester "debout".

Après une journée dédiée à la mémoire de Dominique Bernard, le parvis de la cité Gambetta-Carnot était encore constellé de fleurs, mardi 17 octobre au matin. Signe qu'un autre temps devait s'ouvrir à Arras, les bouquets ont été récupérés un à un par les collégiens et les lycéens de l'établissement. Il était nécessaire de libérer l'accès aux élèves avant la reprise des cours, prévue dès 8 heures pour certains.

"Je suis un peu stressée. Mais comme je n'ai qu'une heure de cours, ça devrait aller", souffle une élève au micro de BFM Grand Lille avant de rentrer en classe. "On se demande ce qu'on fera en cours, comment seront les profs après ce qu'il s'est passé", poursuit l'une de ses camarades.

Un discours dissonant émerge de la bouche d'une troisième élève de la cité scolaire. "Revenir ici, ça fait énormément de bien", reconnaît l'adolescente après un week-end éprouvant, seule chez elle. "Ce n'était vraiment pas un très bon moment à vivre."

Dominique Bernard, Samuel Paty : une journée d'hommages – 16/10
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Le maire a fait le tour des établissements scolaires

Contrairement à elle, des élèves ont repris le chemin du collège-lycée samedi, au lendemain de l'attaque meurtrière de Mohammed Mogouchkov. Frédéric Leturque, le maire divers droite (DVD) de la commune, était sur les lieux pour les accueillir.

"L'école avait été ouverte aux familles et aux enfants pour leur permettre de refranchir le pas de la porte et d'être accompagnés avec une cellule psychologique, qui avait été mise en place spécialement pour eux et pour les enseignants", retrace l'édile sur notre antenne.

Si Frédéric Leturque a participé au moment de recueillement en hommage au professeur de lettres à la cité scolaire Gambetta-Carnot, lundi, il a le lendemain fait le tour des autres établissements scolaires de la commune.

L'élu a pu remarquer qu'un nombre infini de questions se posaient dans la tête des enfants, de leurs parents et des équipes éducatives. "Comment reprendre en main les élèves? Comment les accueillir? Comment les écouter?" sont quelques-unes d'entre elles. À tous, il a rappelé que les emplois du temps pouvaient être assouplis si nécessaire. Avant d'appeler à "être solides et solidaires entre nous".

L'indicible dans tous les esprits

Sur la place des Héros, point central d'Arras, les fleurs et les bougies entreposées n'ont pas eu besoin d'être déplacées. Les passants sont nombreux à s'arrêter un instant pour contempler ce funérarium improvisé.

"C'est calme. C'est triste. Je pense que tout le monde y pense", imagine une femme.

Un homme décrit une ville en "gueule de bois". "On a l'impression d'avoir des zombies aujourd'hui", fait-il remarquer. Puis il nuance: "La vie reprend quand même le dessus parce que les gens sortent. On peut voir un peu de monde quand même dans Arras aujourd'hui".

Frédéric Leturque insiste sur ce dernier point. "Il faut reconnaître que les habitants sont debout, que les visiteurs sont à nouveau là, et globalement les Arrageois ont envie de montrer une ville qui continue à vivre. Je pense que c'est très important. C'est un message d'unité."

Ce message d'unité sera sans nul doute porté par Mgr Olivier Leborgne, jeudi. Ce dernier présidera la cérémonie funéraire de Dominique Bernard à partir de 10 heures. Emmanuel Macron y assistera.

Clément Polyn avec Florian Bouhot