Meurtre de Lola: l'évêque d'Arras appelle à ne pas "répondre à la sauvagerie par la sauvagerie"

Mgr Olivier Leborgne a présidé ce lundi la cérémonie, organisée dans le Pas-de-Calais, d'où est originaire sa famille. Dans un discours qu'il souhaitait "sobre" et "simple", il a incité chacun à "vivre comme Lola voudrait que nous vivions".

Le petit cercueil blanc immaculé a quitté la collégiale de Saint-Omer de Lillers sur les coups de 16 heures. Sur le dessus, reposait une gerbe de fleurs. Et sur le côté, se dressait un portrait de Lola aux allures angéliques.

Les funérailles de la jeune fille de 12 ans, tuée il y a dix jours à Paris, ont eu lieu ce lundi dans le Pas-de-Calais, terre d'origine de ses parents, Delphine et Johan. Elles ont débuté aux alentours de 13h45, avant que Mgr Olivier Leborgne, évêque d'Arras, ne prenne la parole devant les proches et les amis de la fillette, le ministre de l'Intérieur, mais aussi des inconnus touchés par le drame, venus lui rendre un dernier hommage. Un discours que Mgr Olivier Leborgne souhaitait "sobre" et "simple", dont l'intégralité a été relayé par le diocèse d'Arras sur sa page Facebook.

"Seigneur, si tu existais, ou si tu étais vraiment bon comme certains le disent, Lola ne serait pas morte…', a déclaré Mgr Olivier Leborge dans les premières minutes de son homélie. Il se pourrait que beaucoup parmi nous soient traversés par des réflexions de ce genre et comment ne pas les comprendre. (...) Lola, emportée par la sauvagerie d’un acte qui nous laisse sans voix. Seigneur, si tu avais été là… sentiment d’un rendez-vous dramatiquement manqué."

"Beaucoup de questions ne trouveront pas de réponse"

Et l'homme d'Église de s'interroger: "Pourquoi cette violence? Pourquoi Lola? Comment cela est-il possible? Pourquoi ce mal? Quel est ce monde barbare qui sommeille si près de nous? À cause de quoi? Qu’y a-t-il ainsi de cassé dans notre humanité?"

S'il "y a des réponses à chercher à certaines questions pour comprendre, juger, prendre des mesures, faire la vérité, se relever", "beaucoup de questions aussi ne trouveront pas de réponse", a prévenu l'évêque d'Arras, ajoutant "qu’aucune réponse ne sera totalement satisfaisante, ne nous rendra la paix et la confiance volées par ces événements".

Mgr Olivier Leborgne a eu un mot pour ses parents, leur a promis que "la mort ne pourra retenir Lola dans ses filets et qu’elle est accueillie dans les bras du Seigneur de la Vie". Mais aussi pour Jordan et Thibault, son demi-frère et son frère, assurant ressentir leur "indicible douleur". Plusieurs fois, l'homme d'Église a déclaré: "C’est donc la logique de la mort que Jésus vient briser", une manière d'appeler à ne pas "répondre à la sauvagerie par la sauvagerie".

Un enterrement dans l'intimité familiale

"Agir ainsi, ce serait alors proclamer la victoire de la sauvagerie et lui donner raison. Ce que la mémoire de Lola nous interdit absolument de faire. C’est ici que la recherche de la vérité et l’exercice de la justice sont indispensables", a-t-il étayé, avant d'appeler ses proches à "vivre comme Lola voudrait que nous vivions. Pour vivre, et contribuer, chacun pour sa part, à la construction d’une société qui sert la vie".

Après l'hommage de Mgr Olivier Leborgne, le corps de la fillette a été transporté jusqu'au corbillard. Si la famille avait opté pour des funérailles "ouvertes à toutes celles et ceux qui souhaitent lui rendre un dernier hommage", l'inhumation de Lola s'est déroulée "dans la plus stricte intimité".

Alors que les débats sur la récupération politique du drame se sont invités jusqu'à l'Assemblée nationale ces derniers jours, les parents de Lola ont demandé vendredi que "cesse instamment, et soit retirée, toute utilisation du nom et de l'image de leur enfant à des fins politiques", lors des manifestations et sur Internet. Le même jour, un rassemblement s'était tenu à Fouquereuil, village où ces derniers se sont retranchés pour retrouver un soupçon de calme et entamer leur deuil.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions