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Qui est Valneva, la biotech française qui défie les géants pharmaceutiques?

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Contrairement aux autres vaccins contre le Covid-19, celui de la biotech française Valneva ne passe pas par l'ARN messager, c'est un vaccin classique. Le Royaume-Uni en a déjà commandé 60 millions de doses, pour 1,4 milliard d'euros.

Dans l'ombre des géants pharmaceutiques, une biotech franco-autrichienne travaille à l'élaboration d'un vaccin contre le Covid-19. Et le projet est bien engagé puisque Valneva s'apprête à lancer des essais cliniques sur l'Homme. En France, les vaccinations contre le coronavirus pourraient démarrer dès la fin du mois de décembre.

La phase 3 n'est pas encore entamée que déjà, le Royaume-Uni a commandé 60 millions de doses. Il faut dire que l'offre est prometteuse. Contrairement aux autres vaccins déjà sur le marché ou en préparation, celui de Valneva ne passe pas par l'ARN messager, une technique jamais utilisée avant le vaccin contre le Covid-19. Valneva propose un vaccin classique, qui inocule un virus désactivé. Il devrait être disponible fin 2021, avec une capacité de 150 à 200 millions de doses.

Un vaccin classique

"Au moment où il va falloir développer une immunité collective avec un taux de vaccination très important, les médecins et les pays qui devront recommander la vaccination seront probablement très contents d'avoir un vaccin classique dans leur portefeuille. La preuve, on a noué un accord avec le Royaume-Uni et nous avons des discussions avancées avec d'autres pays", détaille Franck Grimaud, directeur général Valneva, invité de la matinale de BFM Business ce jeudi.

Si le nom de Valneva n'évoque rien à la plupart des quidams, l'entreprise n'est pourtant pas nouvelle sur le marché. La biotech basée à Nantes, issue du rapprochement il y a 8 ans entre la société française Vivalis et l'autrichien Intercell, compte 500 salariés. Son chiffre d'affaires était de 126,2 millions d’euros en 2019, contre 113 millions d’euros en 2018. Un chiffre qui paraîtra dérisoire si le contrat avec le Royaume-Uni à 1,4 milliard d'euros est honoré.

Un "pure player" dans le domaine du vaccin

Surtout, Valneva a déjà plusieurs faits d'armes à son actif. L'entreprise s'est spécialisée dans la recherche de vaccins contre des maladies sur lesquelles il n'en existe pas. Elle a déjà en portefeuille des vaccins contre le choléra et l'encéphalite japonaise. En plus de celui contre le Covid-19, deux autres sont en développement, contre la maladie de Lyme et contre le chikungunya.

"On est vraiment un pure player dans le domaine du vaccin. On essaye de développer des vaccins contre des maladies sur lesquelles il n'y a aucun traitement. Quand on s'intéresse à ces maladies, c'est un pari qu'il faut faire dix ans avant", explique le directeur général de la biotech.

Le très attendu vaccin contre la maladie de Lyme entrera en phase 3 dès 2022. Valneva a noué un partenariat avec Pfizer et espère le mettre sur le marché en 2025. Un délai classique pour un vaccin mais qui tranche avec celui du Covid-19, qui aura nécessité à peine deux ans de travail s'il venait à être disponible à la fin de l'année prochaine. Et un an à peine pour celui les géants Pfizer / BioNTech, déjà administré aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

"Comme nous ne sommes pas en épidémie sur les autres vaccins, on y va étape par étape, remarque Franck Grimaud. Toutes les autorités réglementaires et toutes ressources se sont focalisées sur le Covid donc on a pu aller très très vite, sans pour autant bruler les étapes", détaille Franck Grimaud.

De quoi rassurer les réfractaires au vaccin contre le Covid-19. Chez les Français, la réticence est très forte. Malgré les communications fréquentes des autorités de santé, près d'un Français sur deux, 49%, refuserait de se faire vacciner, selon un sondage Elabe pour BFMTV publié ce jeudi. Un chiffre qui est toutefois est en baisse pour la première fois.

Pauline Dumonteil