Réforme des retraites: la clause du "grand-père" remplacée par celle du "grand-frère"

Le gouvernement retarde l'application de la future retraite par points. Pour les actifs, la réforme ne s'appliquera qu'à partir de la génération née en 1975, celles nées avant (1974, 1973, 1972...) n'étant pas du tout concernées. Seuls les nouveaux entrants sur le marché du travail en 2022 intègreront directement le régime universel.

Le Premier ministre a présenté des aménagements portant sur un décalage de l’entrée en vigueur de la réforme et des périodes de transition plus longues pour les régimes spéciaux de retraite (RATP et SNCF). "Nous pouvons organiser une transition réussie à condition de respecter les projets de vie de chacun, de respecter le contrat social qui lie une personne à une organisation et respecter les équilibres économiques de professions qui se se sont construites avec un niveau de cotisations donné" a déclaré le Premier ministre devant le CESE.

Alors que le projet initial fixait à la génération née en 1963, c'est-à-dire à 5 ans de l'âge du départ possible à la retraite (62 ans) en 2025, l'entrée en application du futur système à points est reculée de 12 ans. Les premiers actifs concernés (ceux nés en 1975) sont à 18 ans de leur future retraite puisqu'ils sont âgés de 44 ans, l'âge légal de départ en retraite restant fixé à 62 ans.

La durée de transition est allongée quelle que soit la profession pour ceux déjà entrés dans la vie active, ce qui remplace la "clause du grand-père" (réforme ne s'appliquant qu'aux nouveaux entrants) par une "clause du grand frère" (réforme s'appliquant aux trentenaires et quadragénaires déjà actifs). Alors qu'est ce que cela va changer? 

> Vous êtes nés avant 1975

Les générations nées avant 1975 ne sont pas concernées par la réforme, c'est-à-dire celles qui auront plus de 50 ans en 2025 et seront à moins de 17 ans de leur retraite. Leur future retraite (jusqu'à ceux nés en 1974 et atteignant 62 ans en 2036) sera calculée entièrement selon l'actuel système de calcul par annuités.

Cette option permettra de ne pas bouleverser les attentes des actifs qui ont déjà bien entamé leur carrière professionnelle et approchent de la date de la retraite.

Toutefois, l'âge pivot doit entrer en vigueur dès 2022. Il devrait donc concerner les générations à partir de 1960 qui auront 62 ans cette année-là. Donc si vous êtes né en 1960 et que vous avez cotisé tous vos trimestres (167 trimestres) vous devrez travailler quatre mois de plus pour avoir votre retraite à taux plein.

> Vous êtes nés entre 1975 et 2003

Les générations nées à partir de 1975 verront à partir de 2025, le calcul de leur retraite effectué selon le système à points, verront leurs droits acquis avant 2025 calculé selon l'actuel mode de calcul par annuités.

"Toute la partie de carrière effectuée jusqu'en 2025 donnera lieu à une retraite calculée sur les anciennes règles. Seules les années travaillées à partir de 2025 seront régies par le système universel" a précisé Edouard Philippe. "Pour la première génération concernée, celle née en 1975 qui pourra commencer à prendre sa retraite en 2037, aura encore 70% de sa retraite calculée selon l'ancien système" a-t-il ajouté.

À la date d'entrée en vigueur du nouveau régime, la partie de la carrière effectuée précédemment sera calculée avec les règles du système actuel par annuités et les droits générés convertis à 100 % en points, puis le reste de la carrière générera une retraite calculée selon le nouveau système universel par points. À la fin de la carrière, les deux montants en points seront additionnés.

> Vous êtes nés en 2004 et après

Les jeunes qui débuteront sur le marché du travail en 2022, intégreront dès leur entrée dans la vie active directement le nouveau système à points. La génération 2004 qui aura 18 ans en 2022 sera la première concernée par la réforme à venir sur l'ensemble de sa carrière professionnelle.

Ce choix permet à l'exécutif d'afficher que la réforme va bien s'appliquer avant la fin du quinquennat, ce qui la rendrait assez irréversible dans son application.

>Le maintien des droits acquis garantis "à 100%"

"Nous garantirons 100% des droits acquis dans les régimes actuels. Pour ne pas léser les régimes qui fondent leur calcul sur les six derniers mois, nous sommes prêts à mettre en place des dispositifs très protecteurs qui permettront de garantir que nul n'est lésé " a ajouté le Premier ministre.

Frédéric Bergé