LA VÉRIF. L'allocation de rentrée scolaire fait-elle bondir les ventes d'écrans plats?

Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale de la Jeunesse et des Sports, a laissé entendre dimanche sur France 3 que l'allocation de rentrée scolaire était parfois utilisée pour des achats plaisirs.

Trois millions de familles modestes en France ont reçu l'allocation de rentrée scolaire au mois d'août. Cette aide financière d'un peu moins de 400 euros par enfant est destinée à les aider à payer les fournitures scolaires. Mais un même refrain revient chaque année, affirmant que cette allocation est utilisée à d'autres fins, pour des achats plaisirs.

Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, l'a lui-même évoquée dimanche 29 août sur France 3.

"Si on regarde les choses en face, on sait bien qu'il y a parfois des achats d'écrans plats plus importants au mois de septembre qu'à d'autres moments", affirme le ministre.

Il était interrogé sur la proposition d'une députée du MoDem, Perrine Goulet, de verser cette allocation sous forme de contremarque, sur le modèle des chèques restaurant, pour "consacrer l'intérêt supérieur des enfants". "C'est une idée intéressante qui mérite d'être étudiée", a réagi le ministre de l'Education.

Pas de données sur l'utilisation des aides

Rien ne permet pourtant d'affirmer que l'allocation de rentrée scolaire versée sous condition de ressources est utilisée à d'autres fins que les dépenses supplémentaires liées à la rentrée scolaire comme l'achat de fournitures, de vêtements, ou encore l'inscription à la cantine et aux activités périscolaires. Les familles recevant l'aide n'ont en effet pas à rendre de comptes sur l'utilisation qu'elles en font.

Un sondage de 2013, commandé par la Caisse nationale d'allocations familiales (Cnaf) à OpinionWay, permet d'en apprendre un peu plus sur comment est dépensé l'argent par les bénéficiaires de l'aide. A l'époque, 95% des parents interrogés affirmaient avoir utilisé cette aide pour les fournitures scolaires, et 89% pour des vêtements pour leurs enfants. Des résultats à prendre avec précaution, le sondage reposant sur les déclarations d'un petit échantillon de 2009 allocataires.

Pas de sursaut de la demande d'objets high-tech en septembre

Au sujet des téléviseurs, cités en exemple par Jean-Michel Blanquer, la demande n'augmente pas particulièrement au mois de septembre, selon les données récoltées par Idealo, le leader des comparateurs de prix et des guides d'achat. En 2020, la demande était même moins forte en août et en septembre, juste après le versement de l'allocation de rentrée, qu'en juillet.

Pour ces appareils, et globalement pour tous les produits high-tech, la forte période d'activité survient en fin d'année, particulièrement au mois de novembre pendant les opérations de Black Friday. La demande est également très forte aux mois de décembre et de janvier, aux alentours des fêtes de fin d'année. Contactés par BFM, plusieurs distributeurs ont préféré ne pas commenter les déclarations du ministre de l'Education.

Il est donc impossible d'affirmer que l'allocation de rentrée scolaire est utilisée à d'autres fins que celle pour laquelle elle est prévue. Pour éviter les abus, plusieurs personnalités politiques ont réclamé que le versement pouvant aller jusqu'à 400 euros par enfant soit remplacé par des bons d'achats. Mais toutes ces propositions ont été rejetées.

En 2017, Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, affirmait que cette mesure serait plus chère et contraignante pour les familles, les commerçants, mais aussi pour l'Etat.

"Outre les coûts liés à la création d'un nouveau support, il y aurait un nouveau circuit financier qu'il faudrait mettre en place avec des partenaires très nombreux (commerces de proximité, grandes enseignes…), ce qui nécessiterait des investissements coûteux en matière de système d'information et la négociation avec de nouveaux partenariats", expliquait la ministre, rappelant qu'aucune "étude sérieuse" ne prouve la mauvaise utilisation de l'allocation de rentrée scolaire.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech