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Un an après, le marché russe, épine dans le pied de ces entreprises toujours présentes dans le pays

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Un an après le début de la guerre en Ukraine, 210 multinationales continuent leurs activités en Russie. Parmi elles, de grandes entreprises françaises.

Par crainte, par nécessité ou par choix. Un an après le début de la guerre en Ukraine, certaines multinationales poursuivent leur activité en Russie, en totalité ou en partie, et ce, malgré le risque d'y abîmer leur image.

Selon les données compilées par l’université Yale, 210 entreprises internationales continuent ainsi leurs activités sans changement. Parmi elles, une vingtaine d’entreprises françaises font face à diverses réalités.

Industrie, agroalimentaire, salons de coiffure

Des sociétés industrielles – Valeo, Vinci, Bic, Orano ou Veolia- des spécialistes de l’agroalimentaire – Auchan, Bonduelle ou Lactalis - ou encore des enseignes – Etam, Clarins, Lacoste, La Redoute - continuent de vendre en Russie, soit dans leurs magasins, soit par e-commerce. Et d’autres ont des franchises à leur nom qui continuent d’accueillir leurs clients, à l’image des salons de coiffure Dessange ou Camille Albane.

Une partie des entreprises a pris la décision de ne pas rompre totalement les liens avec la Russie, mais stoppe tout nouveau projet d’investissement ou de développement dans le pays. C’est notamment le cas d’Engie ou Totalénergies, qui continuent d’opérer dans le pays afin de permettre les livraisons de gaz russe vers l’Europe.

Il s’agit d’ailleurs la principale raison que les entreprises évoquent à leur maintien: les sanctions ne touchent pas les domaines dans lesquels elles opèrent. À l’occasion de leur publication de résultats annuels, quelques-unes pour communiquer, à l’image de Faurecia qui "décide de se désengager de Russie" ce lundi 20 février.

Le prix à payer: des dépréciations d’actifs au boycott

"The later you leave, the harder it is", disent certains experts. Plus les entreprises ont décidé tard de quitter le pays, plus il est difficile pour elles de le faire. Et plus cela leur coûte cher, pourrait-on ajouter.

Les actifs russes ont en effet perdu beaucoup de leur valeur et le gouvernement russe a pris ses dispositions pour éviter une vague de départs. En cas de cession de filiale, il faut trouver un repreneur sans brader l'activité, qui ne peut être qu’un acheteur russe. Danone qui a annoncé son départ depuis le mois d'octobre, cherche encore un repreneur. Renault a enregistré une charge de 2 milliards d’euros sur sa cession de filiale en Russie, entraînant une perte nette sur l’année.

Les entreprises de l'agroalimentaire justifient leur présence par le besoin de nourrir les populations civiles mais elles n'échappent pas aux polémiques quant au fait que leurs produits sont envoyés sur le front pour nourrir les soldats. En début d’année, Bonduelle démentait avoir envoyé des colis alimentaires aux soldats russes et être à l’origine de déclarations de soutien envoyées dans ces paquets.

En fin de semaine dernière, le groupe Mulliez, propriétaire de Auchan et Leroy Merlin, toujours présents en Russie, était accusé par le journal Le Monde de contribuer à l'effort de guerre, via des ravitaillements en boîtes de conserve ou en café. Vendredi, dans un communiqué, Auchan Retail affirmait n’apporter "aucune aide volontaire ni active à un quelconque approvisionnement d‘autres catégories de consommateurs que la population civile russe". Par ailleurs, le distributeur rappelait qu'il laissait ses magasins ouverts en Russie, "comme c’est le cas en Ukraine pour la population ukrainienne".

Aude Kersulec