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Ukraine: Zelensky sur la sellete?

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LE MONDE QUI BOUGE. L’administration Trump continue de faire pression sur Volodymir Zelensky pour l’organisation d’élections. Elle juge le Président ukrainien « illégitime ».

Donald Trump reprend la rhétorique du Kremlin en jugeant Volodymyr Zelensky "illégitime". Certes, le mandat du président ukrainien a expiré en mai dernier mais la loi martiale empêche l’organisation de tout scrutin.

Volodymyr Zelensky ne fait que respecter les règles mais ce n’est visiblement pas un argument valable pour l'administration américaine qui aimerait le remplacer:

"Nous avons besoin d'un dirigeant qui peut traiter avec nous, traiter avec les Russes et mettre fin à cette guerre", affirme le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz.

En admettant que, sous la pression, Volodymyr Zelensky décide de contourner la loi martiale et d’organiser des élections, le défi logistique serait colossal. Un tiers de la population a dû fuir son domicile: la majeure partie a quitté le pays, les autres ont été déplacés en interne.

Près d’un quart du territoire est sous occupation. La Russie accepterait-elle le déploiement d’observateurs internationaux? Comment permettre aux centaines de milliers de soldats de voter? Autant de questions qui se posent.

"Il faudrait m'empêcher de candidater"

Cela parait très compliqué, voire impossible, mais en cas d'élection présidentielle qui serait candidat?

Si l’on en croit ses dernières déclarations, Volodymyr Zelensky serait candidat à sa propre succession. Élu en 2019 avec 73% des voix, il avait promis de ne faire qu’un mandat mais face aux pressions de l’administration Trump, il répond:

"Il ne s'agirait pas juste d'organiser des élections. Il faudrait aussi m'empêcher de candidater, ce qui serait un peu plus compliqué".
Caroline Loyer : Ukraine, Zelensky sur la sellette ? - 04/03
Caroline Loyer : Ukraine, Zelensky sur la sellette ? - 04/03
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Ces derniers jours, le dirigeant ukrainien a aussi offert sa démission en échange d'une adhésion de son pays à l'Otan.

Zelensky se félicite de toujours bénéficier d’un fort soutien de la part de la population. Sa côte de popularité frôle les 60%, loin des 4% annoncés par Trump. Elle s’explique notamment par son attitude de chef de guerre, de sauveur de la nation depuis le début de l’invasion russe. Refusant de quitter le pays alors que les Américains lui proposaient de l’exfiltrer, il avait déclaré: "J'ai besoin de munitions, pas d'un taxi". Et les Ukrainiens s'en souviennent.

Porochenko, le retour?

Pendant ce temps, l’ancien président Petro Porochenko se tient en embuscade. Lui qui avait essuyé une défaite cuisante face à Zelensky en 2019 se voit aussi bien candidat à nouveau. Celui qui est aujourd’hui le leader de la principale force d’opposition au parlement développe une diplomatie parallèle. Il a récemment rencontré le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz lors d’une visite à Washington.

Mais il demeure très impopulaire. Il est notamment soupçonné d'être impliqué dans la vente de grandes quantités de charbon qui ont contribué à financer les séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine en 2014. Volodymyr Zelensky, qui semble tout de même percevoir la menace, vient de sanctionner son ex-rival. Porochenko accusé de "haute trahison" a interdiction de quitter le territoire, d'apparaître dans des émissions publiques ou d'utiliser internet. Il dénonce une vendetta politique qui brise l'union sacrée des partis face à l'agression russe.

Zaloujny l'outsider

Mais la véritable surprise pourrait venir de l’ex-commandant en chef des forces armées. Valeri Zaloujny nommé ambassadeur au Royaume-Uni l’an dernier après son limogeage officiellement dû à l’échec de la contre-offensive de Kiev en 2023. Mais il y avait surtout de l’eau de dans le gaz entre lui et Zelensky.

Dans ses mémoires, il critique d’ailleurs le président. Valeri Zaloujny n’a pas annoncé son intention de se présenter, mais il multiplie les rencontres avec des officiels et se positionne sur des sujets tels que la formation d'une nouvelle élite ukrainienne et la stratégie de l'Occident.

Sa popularité ne cesse de croître: au moins 80% des Ukrainiens disent lui faire confiance. Les derniers sondages lui accordent 27% d’intention de vote, devant Zelensky à 16%. En cas de second tour, les deux hommes seraient au coude à coude.

Pour résumer, et en l’état actuel des choses, Zelensky a toutes les chances de l’emporter si Zaloujni ne se lance pas dans la course.

Caroline Loyer