Israël/Gaza: la colère européenne grandit… jusqu'à des sanctions économiques lourdes?

Un acte "inacceptable". La communauté internationale crie son indignation après un incident en Cisjordanie occupée mercredi. Une délégation de diplomates étrangers, dont plusieurs Européens, était en visite à Jénine lorsque des tirs ont retenti. Un Français se trouvait dans le groupe.
"L’ambassadeur d’Israël sera convoqué pour s’expliquer", a réagi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.
L’explication, l’armée israélienne l’a rapidement donnée. Elle reconnaît des tirs de sommation justifiés, selon elle, par le fait que la délégation se serait "écartée de l'itinéraire approuvé".
Ce n’est assez pour l’ONU qui réclame une enquête approfondie, tout comme la cheffe de la diplomatie européenne. "Israël, étant signataire de la Convention de Vienne, a l'obligation de garantir la sécurité de tous les diplomates étrangers", a déclaré Kaja Kallas.
Pas d’excuses
Tsahal dit "regretter les désagréments causés". Ni excuses, ni réaction de la part de Benjamin Netanyahu qui a pris la parole dans la soirée à Jérusalem. Le premier ministre israélien se dit prêt à accepter un "cessez-le-feu", tout en réaffirmant que l'armée contrôlera "toute la bande de Gaza" à l'issue de l'offensive.
Déclaration qui ne devrait pas calmer la colère des Européens qui s’unissent ces derniers jours pour dénoncer une escalade militaire "moralement injustifiable" et une situation humanitaire catastrophique.
L’UE revoit son accord d'association avec Israël, Londres suspend des négociations sur un accord de libre-échange mais le gouvernement de l’Etat hébreux se montre imperturbable. "Les pressions extérieures ne détourneront pas Israël de sa voie pour défendre son existence et sa sécurité", répond le ministère israélien des Affaires étrangères.
"Graves conséquences" économiques?
Pourtant des sanctions européennes pourraient peser lourds sur l’économie du pays. C’est ce que concède le directeur des relations internationales du patronat israélien. Dan Catarivas met en garde contre de "graves conséquences".
"L’UE est le principal partenaire commercial de l'État hébreux. Elle représente plus de 30% de ses exportations et 35% de ses importations" dit-il.
"Israël a besoin d'avoir des relations libres et ouvertes avec le reste du monde pour continuer à se maintenir", pour Dan Catarivas qui appelle les "décideurs" du pays à "prendre en considération les répercussions économiques" de leurs choix politiques.
"État paria"
Le gouvernement Netanyahu mise sur une division des européens. "Pour le moment, il n'existe pas de majorité suffisante pour imposer une sanction aussi radicale", estime un diplomate israélien, sous couvert d’anonymat, lorsqu’il évoque la révision de l’accord d’association.
Berlin insiste sur l’importance stratégique de l’accord tout en essayant de maintenir l’unité du bloc.
Finalement, le seul qui peut vraiment peser sur Benjamin Netanyahu est bien l’allié américain. Donald Trump, qui veut la fin de la guerre à Gaza, peine de plus en plus à dissimuler son impatience.
Mais quels moyens est-il prêt à utiliser pour y parvenir? Pour une majorité d’israéliens, il y a urgence. Seuls 25 % d’entre eux sont favorables à l'intensification des combats selon un récent sondage pour Channel 12. En continuant sur cette voix, le risque c’est qu’Israël devienne "un État paria", met en garde le chef du parti démocrate dans le pays.