Services, prix, date de lancement: à quoi va ressembler Le Train, concurrent du TGV de la SNCF dans le Grand Ouest

La compagnie Le Train parviendra-t-elle à franchir les nombreux obstacles à la concurrence dans le marché du train à grande vitesse?
Fort d'un cadre légal prêt, de ses autorisations ferroviaires et d'une partie de son financement, l'entreprise qui souhaite lancer une liaison régionale à grande vitesse dans le Grand Ouest présente certainement le projet le plus avancé parmi les acteurs partant de zéro qui entendent se mesurer aux TGV de la SNCF.
Reste que le projet a pris pas mal de retard, notamment parce que les freins administratifs et techniques sont nombreux mais surtout parce que la compagnie a dû se tourner vers du matériel roulant neuf (auprès de l'espagnol Talgo) alors qu'elle misait sur de l'occasion dans son projet initial.
"On a relevé tous les défis"
De quoi bouleverser son calendrier et son modèle économique. Dans En Route Pour Demain sur BFM Business, Alain Gétraud, directeur général du Train, fait un point sur le lancement prochain de la compagnie.
"On a beaucoup avancé, on a levé tous les verrous, relevé tous les défis. On prépare désormais l'exercice de l'exploitation. Mais il va falloir encore attendre un peu à cause du temps industriel. L'année prochaine sera celle de la construction des dix rames commandées à Talgo", détaille le dirigeant.
Beaucoup d'opérateurs, historiques ou nouveaux, sont à la recherche de rames neuves à l'achat, afin de renforcer ou de lancer des liaisons ferroviaires en Europe. Ce qui provoque d'importants engorgements chez les industriels et donc des délais de livraison plus longs qu'à l'habitude, de 24 à 36 mois.
Il ne faut donc pas compter avant 2025-2026 pour un lancement commercial, soit 3 à 4 ans après la date initialement prévue.
"Surtout, l'avantage du neuf, c'est qu'on a pu le designer aux standards Le Train avec une expérience voyageur complètement revisitée", assure-t-il.
"On ne sera pas sur des trains capacitaires, on est sur un modèle de fréquence donc il y aura de l'espace dans nos trains. On a souhaité des suggestions fortes liées à notre clientèle qui sera avant tout loisirs, ça comporte les gens qui partent en vacances, en week-end, les télétravailleurs aussi, on a donc désigné nos espaces pour cette population", détaille Alain Gétraud.
De l'espace, du wi-fi boosté, l'emport de vélos

"De l'espace donc, des prises USB, un wi-fi boosté et il y aura de la place pour les vélos avec 40 places, c'est une première dans un train à grande vitesse. Vous pourrez prendre votre vélo pour aller de Bordeaux à Rennes ou de Bordeaux à Nantes et ce point va vraiment nous différencier", poursuit le patron de la compagnie.
Mais c'est surtout via la fréquence que Le Train veut convaincre. Même s'il ne s'agit pas encore de proposer un RER à grande vitesse, la compagnie promet par exemple "dix fréquences par jour" sur certains trajets, afin de servir le maximum de passagers. Car si le prix reste un élément important dans l'achat d'un billet, les horaires sont un critère tout aussi déterminant.
L'achat de rames neuves ne modifiera pas l'approche marketing de l'offre qui visera notamment les jeunes, assure Alain Gétraud. "Il faut faire d'une difficulté, une opportunité. Un matériel d'occasion nous aurait permis d'être présents beaucoup plus tôt, le choix du neuf est un asset plus lourd à financer mais ce matériel va durer plus longtemps", explique Alain Gétraud.
Une rame neuve est en effet amortissable sur une période beaucoup plus longue, plus de 30 ans, ce qui devrait permettre à l'opérateur de ne pas trop modifier son approche tarifaire qu'il souhaite agressive.
"Avoir le prix le plus juste possible"
Mais comme chez ses concurrents, les prix ne seront pas fixes mais soumis à des éléments liés à l'offre et à la demande.
"Ça serait une erreur commerciale, on n'est pas sur une politique de prix fixes mais on est sur une stabilité des prix. Vous aurez des points de référence forts en fonction que vous voyagez le vendredi, en semaine, vous n'aurez pas une très grande fluctuation des prix, elle sera compréhensible et on travaille pour qu'elle soit juste et lisible", nous explique Alain Gétraud.
Et de poursuivre: "ce qu'on vise, c'est d'avoir des prix attractifs, notre stratégie c'est d'avoir le prix le plus juste possible, c'est un sujet sur lequel on a énormément travaillé".
"On a également cherché à simplifier le système de réservation pour avoir une expérience fluide, c'est beaucoup de travail", poursuit-il.
L'offre sera disponible à travers une plateforme en ligne maison mais la compagnie souhaite également "être visible sur d'autres plateformes comme Trainline et on aimerait être distribué par les opérateurs historiques. On milite et on travaille pour. On sera également distribué par les plateformes régionales dans les régions qu'on traverse".