"Nous n'en voulons pas": les transporteurs routiers très remontés contre cette idée de taxe proposée par le patron de la SNCF

Sans surprise, la filière du transport routier est vent debout contre la proposition de Jean-Pierre Farandou, patron de la SNCF, de taxer les camions étrangers en transit sur le territoire pour financer le réseau ferré français.
"Les Allemands qui sont confrontés à un énorme besoin de financement (du réseau ferré, NDLR) ont décidé de mettre en place une taxe poids lourd qui leur rapporte 8 milliards d'euros par an". L'idée serait donc de ressuciter la fameuse écotaxe, dont la mise en place avait été vivement contestée en France, faisant plier le gouvernement.
"La France est un grand pays de transit, ces camions nous traversent, sans faire le plein chez nous, on a que les nuisances: ils polluent, ils défoncent les routes, on a que les nuisances, pas les gains. Est-ce qu'il n'y pas une forme de correction à apporter, il ne serait pas anormal qu'il y ait une forme de contribution? Il n'est pas anormal que lorsqu'on pollue, on finance le monde non polluant qu'est le ferroviaire", juge ainsi Jean-Pierre Farandou.
Mais pour la Fédération nationale du transport routier (FNTR), ce sont les entreprises françaises qui paieront.
Aller voir du côté des autoroutes
"La proposition de cibler uniquement les camions étrangers est juridiquement inapplicable. Le droit européen impose une égalité de traitement entre les transporteurs: en pratique, ce sont les entreprises françaises qui paieront", peut-on lire dans un communiqué.
Et de rappeler que "le transport routier français a les marges les plus faibles d’Europe, traverse une crise sans précédent (et) supporte plus de 4 milliards d’euros de fiscalité spécifique par an. En aucun cas les transporteurs ne peuvent supporter une charge supplémentaire".
"Le vrai objectif de cette sortie? Remettre sur la table, en douceur, un projet d’écotaxe généralisée. Nous n’en voulons pas. Affaiblir la route, c’est compromettre le rail et freiner le verdissement", poursuit la Fédération.
Cette dernière plaide, comme Jean-Pierre Farandou d'ailleurs, d'aller voir du côté des autoroutes pour puiser le milliard d'euros annuel manquant à la SNCF pour régénérer son réseau à bout de souffle.
"La France est le seul pays européen à disposer de 9.200 km de réseau autoroutier concédé payant: les poids lourds, qui représentent 15 à 20% du trafic, génèrent 33% des recettes".
Les concessions qui arrivent à échéance entre 2031 et 2036 génèrent environ 13 milliards d'euros de chiffre d'affaires par an.