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Avions volés, liste noire et représailles: grosses turbulences entre l'UE et la Russie dans l'aérien

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Une nouvelle loi russe permet aux compagnies aériennes nationales d'enregistrer en Russie les avions qu'elles louent à l'étranger de manière à pouvoir les faire voler dans le pays. En toute illégalité.

Parmi les multiples bras de fer entre l'Union européenne et la Russie à la suite de l'invasion de l'Ukraine, l'aérien est en bonne place.

La Russie cherche en effet à contourner les sanctions prises par l'UE (qui interdisent notamment aux compagnies russes de voler dans l'espace aérien européen) par tous les moyens. Fin mars, le Kremlin a promulgué une loi qui permet aux compagnies aériennes nationales d'enregistrer en Russie les avions qu'elles louent à l'étranger de manière à pouvoir les faire voler dans le pays.

Une loi qui s'apparente purement et simplement à du vol de centaines d'avions de ligne, représentant des milliards d'euros de préjudice pour leurs loueurs étrangers, estiment de hauts responsables européens.

Centaines d'avions "volés"

Objectif: permettre aux compagnies russes de continuer à utiliser ces appareils pour des vols intérieurs, en dépit des sanctions occidentales. Ils seraient en effet saisis s'ils volaient à l'étranger compte tenu des sanctions décidées par l'UE.

"La plupart des avions qu'ils (les Russes) pouvaient faire voler à l'étranger sont des appareils loués, d'origine européenne ou américaine, et qui désormais ont été volés à leurs propriétaires légitimes, les loueurs", réagissait alors le directeur général du Transport à la Commission européenne, Henrik Hololei.

Le 11 avril, la Commision européenne réagit et place 21 compagnies aériennes russes parmi lesquelles Aeroflot et Rossiya Airlines sur liste noire, c'est à dire "faisant l’objet d’une interdiction d’exploitation ou de restrictions d’exploitation au sein de l’Union européenne, car elles ne respectent pas les normes de sécurité internationales".

Ces compagines subissent "de graves problèmes de sécurité dus au réenregistrement forcé par la Russie d’aéronefs appartenant à des étrangers, autorisant sciemment leur exploitation sans certificats de navigabilité valides. Ceci est contraire aux normes internationales de sécurité aérienne" explique Brusselles.

Blocus

"Non seulement (c'est) une violation flagrante de la convention relative à l’aviation civile internationale (la convention de Chicago), mais elle constitue également une menace immédiate pour la sécurité" souligne la commissaire européenne aux Transports Adina Vălean.

La réaction russe ne se fait pas attendre. 24 heures après les annonces européennes, le régulateur aérien du pays promet des "représailles". Cette décision "témoigne de la politique continue de discrimination et de violation des dispositions du droit international de l’aviation, qui entraînera inévitablement des mesures de représailles de la part des autorités aéronautiques de la Fédération de Russie à l’encontre des compagnies aériennes des États membres de l’UE", écrit dans un communiqué Rosaviatsa.

L'agence avance que cette liste noire "n’a aucun motif lié à l’état technique de la flotte d’avions des transporteurs aériens russes, au maintien de la navigabilité de ces avions, à l’exécution des transactions de leasing". Qu'il s'agit d'un "désir supplémentaire de l’Europe de renforcer le blocus aérien de la Russie".

Rappelons que la Russie a déjà interdit aux compagnies aériennes étrangères de survoler son territoire, de quoi allonger très sensiblement les temps de vol des longs-courriers vers l'Asie.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business