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"Nous ne sommes pas une filiale du Medef": l'organisation des petites entreprises étrille le meeting des grands patrons et dénonce "une lutte des classes inversée"

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Michel Picon, président de l'organisation des entreprises de proximité, refuse de participer au meeting organisé par le Medef pour protester contre les propositions de hausse d'impôts pour les plus riches.

Michel Picon, président de l'U2P (entreprises de proximité) a réexpliqué jeudi 25 septembre pourquoi il n'irait pas au meeting patronal "BCBG" du Medef, refusant de voir les petits patrons servir de "chair à canon" à une "lutte de classes inversée"

Le président de la plus petite organisation patronale, derrière le Medef et la CPME, avait déjà annoncé qu'il n'irait pas à "l'énorme meeting, toutes organisations patronales confondues" qu'a annoncé le président du Medef Patrick Martin pour le 13 octobre, apparemment sans avoir consulté ses pairs.

Jeudi devant ses adhérents réunis aux Rencontres de l'U2P à Paris, il y est revenu avec virulence.

"Nous ne sommes pas une filiale du Medef. Il n'y a pas un PDG là-haut qui dit à tous ses salariés, 'lundi, tous dans la cour'". "Je ne suis pas ton subordonné", a-t-il lancé à l'adresse de Patrick Martin, sous les applaudissements.

On peut "s'asseoir sur la forme lorsqu'il s'agit de l'intérêt majeur du pays, mais là, ce n'est que l'intérêt de quelques-uns", a poursuivi Michel Picon, évoquant les craintes du grand patronat de voir instaurer un alourdissement des impôts sur les plus riches dans le budget 2026.

"Intérêts qui ne sont pas les nôtres"

"Je n'amènerai pas les artisans, les commerçants, les professions libérales de France pour servir de chair à canon à des intérêts qui ne sont pas les nôtres, même si nous partageons un certain nombre de valeurs sur ce qu'est l'entreprise, (...) la façon dont on doit les aider plutôt que de les taxer à outrance".

Notant que tous les Français seraient appelés à faire des efforts l'an prochain, y compris les petits patrons, il a moqué la menace d'un exil fiscal des plus riches si ont les taxe trop.

"Chez nous, le boulanger, demain matin, il fera son pain. L'infirmière, elle se lèvera pour aller soigner ses patients. Le plombier terminera son chantier. On ne menace pas. On aime notre pays, on aime nos clients, le travail que nous faisons", s'est-il écrié.

"Comment des organisations patronales vont rajouter une tension, y compris avec les organisations syndicales, en défiant des revendications des salariés ?", appelés par les syndicats à se mobiliser le 2 octobre.

"Aujourd'hui, a-t-il conclu, ce qui nous est proposé, c'est de manifester dans une lutte de classes inversée. On n'y a pas notre place. Pour moi, la manifestation BCBG, non merci".

P.La. avec AFP