Elle n'a de sens que "si elle est mondiale": Emmanuel Macron reste sceptique sur la taxation des plus riches

Sur TF1, Emmanuel Macron était confronté à la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet (g). - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Emmanuel Macron est dubitatif. Une hausse de la taxation des plus grandes fortunes "a un sens si elle est mondiale", a affirmé mardi le président de la République, jugeant illusoire de penser que "les gens vont gentiment rester pour être taxés" si elle n'était appliquée que sur le territoire français.
Les députés français ont adopté en février la taxe dite "Zucman", un impôt plancher de 2% sur le patrimoine des ultra-riches, inspirée par les travaux de l'économiste français Gabriel Zucman, malgré l'opposition de la coalition gouvernementale.
Son examen au Sénat aura lieu en juin mais une potentielle adoption y est plutôt compromise, en raison des forces en présence au sein de cette chambre.
La crainte de l'exil fiscal
"La taxe Zucman, elle a un sens si elle est mondiale", a dit mardi le président français au cours d'une émission sur TF1, rappelant les efforts de la France au sein du G20, sous l'impulsion du Brésil, afin d'essayer d'imposer une taxation coordonnée des milliardaires à l'échelle de la planète.
"C'est pour ça que je me suis battu avec le président Lula à l'époque, le président Biden, pour la faire au niveau de l'OCDE", a déclaré Emmanuel Macron, jugeant illusoire d'imposer une telle taxation au sein des frontières françaises seulement.
Sans parvenir à s'entendre sur l'imposition commune d'une taxation des milliardaires, les pays membres du G20 se sont mis d'accord en novembre pour coopérer davantage afin de taxer "effectivement" les plus grandes fortunes sur la planète.
"Est-ce que vous pensez que si la France toute seule met une taxe sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros, les gens vont gentiment rester pour être taxés ?", a lancé le président au cours d'un débat avec la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.
A la réponse "oui" de son interlocutrice, le président a répondu: "Présentez-les-moi, sincèrement présentez-les-moi".
"Il n'y a tout simplement aucune étude solide qui démontrerait l'existence de flux d'exil fiscal massifs (...) on ne peut pas sérieusement agiter cet épouvantail", a réagi sur X Gabriel Zucman, interpellant Emmanuel Macron après son intervention télévisée.
Et l'économiste de citer une étude sur des données suédoises et danoises, une étude britannique et une autre de France Stratégie. "Leur conclusion est unanime: l'exil fiscal en réponse à l'imposition de la fortune est un phénomène négligeable", affirme-t-il.