"Je pense qu’il est mal conseillé": l'inquiétude grandit chez les patrons alliés de Donald Trump

La violence de l'offensive commerciale lancée par Donald Trump a surpris, même auprès de ses plus proches alliés, notamment les patrons de grandes entreprises. Car entre le risque de récession de l'économie et la panique sur les marchés, des doutes commencent à émerger.
Le premier d'entre eux, Elon Musk, a perdu 4,4 milliards de dollars sur la journée de lundi, journée où Wall Street a capitulé. Surtout, le patron de Tesla et de X, prend ses distances.
Dimanche, il avait ainsi publié sur sa plateforme X une vieille vidéo de l'économiste libéral Milton Friedman, dans laquelle ce dernier défend le libre-échange, et donc l'élimination des barrières douanières.
Elon Musk a également dit samedi espérer que l'Union européenne et les États-Unis aboutissent à une situation de droits de douane nuls entre eux. Soit tout le contraire de la politique menée par son mentor.
"Ce n’est pas pour cela que nous avons voté"
Il faut dire que la défense du libre-échange est un principe fondamental pour beaucoup d'Américains, notamment les entrepreneurs. Alors que le Wall Street Journal, la bible des hommes d'affaires, qualifie la politique de Trump de "stupide", de grands patrons américains commencent à s'inquiéter des mesures protectionnistes mises en place.
"Le président est en train de perdre la confiance des dirigeants d'entreprises à travers le monde", a lancé sur X dimanche le milliardaire Bill Ackman, fondateur de Pershing Square et légende de Wall Street, qui avait soutenu le candidat républicain en novembre.
"En imposant des tarifs douaniers massifs et disproportionnés à nos amis comme à nos ennemis et en lançant ainsi une guerre économique mondiale contre le monde entier, nous sommes en train de détruire la confiance dans notre pays en tant que partenaire commercial, en tant que lieu où faire des affaires et en tant que marché où investir des capitaux", assène-t-il.
"Les conséquences pour notre pays et les millions de citoyens qui l’ont soutenu – en particulier les consommateurs à faibles revenus déjà confrontés à une forte pression économique – seront extrêmement négatives. Ce n’est pas pour cela que nous avons voté", appelant Donald Trump à "dire pause" sur les droits de douane.
"Autrement, nous nous dirigeons vers un hiver nucléaire auto-infligé pour l'économie", prévient Bill Ackman.
Le patron de la banque américaine JP Morgan Chase, Jamie Dimon, a aussi averti lundi que les droits de douane allaient "probablement augmenter l'inflation" et qu'ils ralentiraient la croissance.
"Quoi que vous pensiez des raisons légitimes de mettre en place de nouvelles taxes douanières - et bien sûr, il y en a - ou de l'effet à long terme, bon ou mauvais, il va probablement y avoir des effets de court terme importants", poursuit-il.
"Je ne comprends pas cette foutue formule"
Considéré comme l'un des plus puissants dirigeants au monde, Jamie Dimon s'était opposé par le passé à Donald Trump, avant d'opérer un rapprochement marqué lors de la campagne de 2024, à l'instar de nombreux grands patrons de la finance ou de la tech.
De son côté, Ken Langone, soutien financier de Donald Trump et fondateur de Home Depot s'est fendu d'une interview au vitriol au Financial Times.
"Je ne comprends pas cette foutue formule (servant de base au calcul des droits de douane, NDLR). Je pense qu’il est mal conseillé sur cette situation commerciale et sur la formule qu’ils appliquent", a-t-il regretté. Et de dénoncer des droits de douane "trop élevés".
"Les 46% pour le Vietnam sont des 'conneries', et les 34% supplémentaires pour la Chine sont trop agressifs et trop précipités", pointant "une erreur".
Enfin, Jim Rogers, cofondateur du Quantum Fund avec George Soros, estime que "même si les droits de douane peuvent parfois aider quelques personnes sur de courtes périodes, ils ne sont presque jamais bénéfiques pour quiconque".
Mais si certaines voix commencent à se faire entendre à droite, la Maison Blanche est loin de faire face à une rébellion ouverte. Et Donald Trump a répété dimanche qu'il ne bougerait pas.
"Ne soyez pas faibles! Ne soyez pas stupides", a-t-il lancé face à la dégringolade des places financières.