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Il "tape à la porte depuis une semaine": et si Leclerc rejoignait finalement l’initiative de Karine Le Marchand?

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Réunis par Karine Le Marchand, cinq distributeurs ont annoncé ce mercredi trois mesures pour aider les agriculteurs. Michel-Edouard Leclerc brillait par son absence, mais ses homologues n'excluent pas qu'il les rejoigne finalement.

Ils étaient tous sur la photo, ce mercredi matin, au hall 4 du Salon international de l'agriculture, à Paris. Thierry Cotillard (Les Mousquetaires), Philippe Palazzi (Casino), Alexandre Bompard (Carrefour), Dominique Schelcher (Coopérative U) et Guillaume Darrasse (Auchan)... Tous, sauf Michel-Édouard Leclerc.

Représentant du groupement d'enseignes du même nom, il était prévu qu'il participe à l'initiative de Karine Le Marchand, mais il n'a pas donné suite, selon la productrice, qui n'a pas caché son "énervement".

Après avoir lancé que "le consommateur ferait la part des choses et qu'il en tirerait les conséquences", l'animatrice de L'Amour est dans le pré a expliqué que cette absence était "problématique", parce qu'elle l'empêchait de mettre en œuvre le dernier volet de son plan d'aide aux agriculteurs. Elle aurait ainsi voulu que l'ensemble des distributeurs français, par leur poids, obligent les industriels de l'agroalimentaire à être plus transparents. Impossible sans le numéro un du secteur qui représente désormais près d'un quart des parts de marché en France.

Leclerc pas opposé

Contacté par BFM Business, Michel-Édouard Leclerc assure qu'il n'y a "pas de problème" avec les autres distributeurs.

Il trouve même "la démarche de Karine Le Marchand et de ses collègues distributeurs intéressante pour les enseignes qui n'ont pas encore de démarche organisée avec les producteurs locaux", mais que la sienne le fait déjà. Il explique que Leclerc a déjà 15.000 contrats alliances locales signés avec des petits producteurs et ambitionne même de monter à 20.000 contrats cette année avec une campagne de promotion à venir via des QR codes dans les points de vente pour inciter de nouveaux petits producteurs à rejoindre la démarche.

"C'eût été contre-productif de faire comme si on lançait cette initiative", selon le distributeur. Il ajoute que Leclerc est "engagée depuis quatre ans dans la démarche Savoir d'achat", sur l'affichage de l'origine des ingrédients de ses produits de marque propre, et qu'elle applique aussi sur le terrain l'alerte surproduction, en tant que membre de l'Interprofession des fruits et légumes frais (Interfel). Son enseigne, conclut-il, est "de fait naturellement associée à cette initiative conjointe de soutien à nos agriculteurs".

Sa position en tant que président du comité stratégique des magasins Leclerc est particulière. En tant que tel, il est le porte-parole d'un réseau de plus de 700 magasins et de plus de 700 drives sur tout le territoire.

"Il y a Michel-Édouard Leclerc et il y a ses adhérents. Eux ne sont pas franchement partants pour aider des producteurs, qui détruisent leurs parkings lors des manifestations", estime une source chez un concurrent.

Pour un autre acteur du secteur, il est "difficile de se poser en partenaire du monde agricole quand on fait toute sa communication sur les prix bas et qu'on vend des baguettes à 29 centimes d'euros".

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Il "tape à la porte depuis une semaine"

"La réalité, c'est que tout cela est allé très vite. Il s'est passé quatre mois seulement depuis que Karine Le Marchand a lancé l'idée de sa démarche, à l'occasion du huitième anniversaire de la marque "C'est qui le patron?!", dont elle est sociétaire. Le groupement Leclerc avait certainement besoin d'un peu plus de temps" pour y venir, estime un proche des discussions, pour qui "tout va se rassembler à un moment donné."

De fait, cette absence de Leclerc n'est pas définitive, selon le patron de Carrefour, qui préside aussi la Fédération du commerce et de la distribution.

"Ce n'est pas parce qu'il n'est pas là aujourd'hui, qu'il ne sera pas là demain", assure Alexandre Bompard.

Il souligne que "Leclerc mène déjà des actions auprès du monde agricole" et il se dit "convaincu" qu'il rejoindra le mouvement.

D'après un autre acteur du secteur, Michel-Édouard Leclerc "tape à la porte depuis une semaine" déjà, mais les organisateurs de la démarche lui ont pour l'instant refusé l'accès, de peur que l'annonce de son ralliement éclipse les mesures de soutien aux agriculteurs.

Pauline Tattevin