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Défense

Pour protéger les bases contre les essaims de drones, ce nouveau canon européen dopé à l'IA adapte ses munitions aux cibles qui l'attaquent

Le canon RapidFire en version terrestre

Le canon RapidFire en version terrestre - Thales

Thales et KNDS, les spécialistes des équipements électroniques pour la défense et du combat terrestre présentent une nouvelle version du canon à très courte portée RapidFire.

Après la protection des navires de guerre, celle des bases aériennes. Thales et KNDS ont annoncé lors du salon du Bourget un partenariat pour développer une version terrestre du système RapidFire.

Les retours d'expérience de la guerre en Ukraine, et surtout la récente opération "Toile d'araignée" menée par l'Ukraine en Russie, ont joué en faveur du développement d'une version terrestre du RapidFire en version terrestre: le mode d'action des forces armées ukrainienne a mis en avant la vulnérabilité des systèmes de défense aérienne, et donc la nécessité de protéger des infrastructures stratégiques comme une base aérienne contre des attaques de drone en masse.

C'est aussi en raison d'un intérêt accru de l'armée de l'air et de l'espace pour ce type de solution à très courte que KNDS et Thales ont lancé les travaux d'adaptation.

"L'objectif n'est pas de tirer en masse, mais d'être plus précis dans l’interception des menaces", explique un responsable de Thales. "La cible, c'est la munition rôdeuse."

Ce système télé-opéré d’artillerie à très courte portée – de l’ordre de 4 kilomètres – est proposé pour la protection "des sites sensibles contre des attaques diversifiées et saturantes". En clair, de protéger des sites comme des bases aériennes, contre des attaques massives de menaces telles que des drones, des munitions rôdeuses ("drones kamikazes"), voire des missiles.

Le système est doté d'un canon de 40 mm, capable de tirer cinq types de munitions différentes, qui sont choisies de manière automatique en fonction de la menace, expose Thales. Ce choix est opéré à chaque coup et permet de recalculer en temps réel les trajectoires, précise-t-on chez KNDS.

KNDS met en avant la possibilité de "déjouer des essaims de drones", grâce à l'apport de l'intelligence artificielle.

Les constructeurs précisent que ce système est très fortement automatisé et que sa mise en œuvre ne nécessite que deux opérateurs: pour les ordres d'engagement et de tir. Tout en rassurant: "c'est toujours l'humain qui décidera ou non de tirer".

Un système déjà opérationnel

Le RapidFire est déjà opérationnel dans la marine française, deux exemplaires ont d'ores et déjà été intégrés à un navire de la flotte, le bâtiment ravitailleur de force (BRF) Jacques Chevallier, qui accompagne le porte-avions Charles de Gaulle au sein du groupe aéronaval. Le système a été déclaré opérationnel début 2025. Deux autres systèmes vont être intégrés à un autre BRF et un cinquième va être installé sur un patrouilleur de haute-mer, indique Thales dans un communiqué.

La Direction générale de l'armement a d'ores et déjà passé un contrat pour la production de 48 exemplaires. Sur ces 48 exemplaires, 14 sont destinés à la marine française, le reste n'ayant pas encore été attribué, il se pourrait que quelques exemplaires soient attribués à l'armée de l'air et de l'espace. "On fonde beaucoup d'espoirs", a-t-on pu entendre du côté des industriels.

Helen Chachaty