IA militaire, drones: qu’est-ce qu'Helsing, cette startup allemande aux grandes ambitions en Europe?

Un drone sous-marin capable de surveiller des kilomètres carré d'océan, pendant plusieurs semaines sans remonter à la surface. Dévoilé mi-mai, le SG-1 Fathom est l'une des dernières innovations d'Helsing.
Après l'intelligence artificielle intégrée sur des plateformes militaires, son coeur de métier, des logiciels qui peuvent être embarqués dans des drones, des avions, voire être déployés sous l'eau, cette startup franco-allemande fondée en 2021 vise désormais le marché des munitions téléopérées dans les airs et en mer. Helsing ambitionne ainsi de proposer des solutions aux forces armées pour être "en capacité de se projeter au plus près du champ de bataille". Comme le SG-1 Fathom.
Des constellations de drones pour surveiller les océans
Doté du logiciel "maison" Lura, pour décupler les capacités de renseignement sous l'eau, ce petit appareil se veut capable de patrouiller 3 mois sous la mer, comme le rapporte L'Usine Digitale. En associant plusieurs centaines de SG-1 Fathom, Helsing promet de former "une constellation mobile de capteurs, équivalente à des satellites surveillant les océans”. Au salon aéronautique du Bourget, qui se tiendra du 16 au 22 juin en région parisienne, la startup devrait faire étalage de son potentiel.
Helsing se rêve en effet en MBDA de l'IA militaire: une entreprise intégrée au niveau européen, multidomestique avec des filiales nationales et référente sur son secteur. Et il faut souligner que la startup a su susciter la confiance de certains poids lourds du secteur.
Helsing compte ainsi dans ses rangs Marc Fontaine, ex-Airbus, Antoine de Braquilanges, ex-Palantir, Antoine Bordes, ex-Meta, ou encore Denis Mercier, ancien chef d'état-major de l'armée de l'air et ex-commandant suprême allié pour la transformation de l'Otan.
"Soit l'armée française prend date, soit elle décroche", affirmait en mars 2024 le ministre des Armées Sébastien Lecornu dans un entretien aux Echos, s'agissant de l'IA militaire.
Des solutions logicielles pour le SCAF
La toute première levée de fonds, réalisée en 2021, avait atteint 102,5 millions d'euros, dont 100 millions apportés par le fonds d'investissement Prima Materia, fondé par Daniel Ek, co-fondateur et PDG de Spotify. Un deuxième tour de table mené en septembre 2023 avait ensuite permis de lever 209 millions d'euros et d'intégrer l'avionneur suédois Saab en tant qu'investisseur stratégique.
Après un premier bureau ouvert à Berlin en 2021, Helsing a poursuivi son déploiement en France, avec une entité parisienne qui comprend aujourd'hui une petite centaine de personnes environ, ainsi qu'une assise londonienne.
Une première usine a également ouvert ses portes dans le sud de l'Allemagne fin 2024 et Helsing ambitionne désormais d'en bâtir d'autres à travers l'Europe, avec la France et le Royaume-Uni en ligne de mire, mais également l'Estonie.
La création d'une filiale Helsing Estonia en juillet 2024 s'est accompagné d'investissements "substantiels" pour renforcer les capacités industrielles, "avec notamment la création de nouvelles installations opérationnelles et de production", indique l'entreprise dans un communiqué. Avec en ligne de mire, de grands projets européens.
Helsing propose ainsi des solutions logicielles pour avion de combat (Centaur), de guerre électronique (Cirra), de reconnaissance et de frappe (Altra). La startup a par ailleurs placé ses pions dans le Système de combat aérien futur (SCAF), en participant à la définition de l'infrastructure IA, aux côtés d'Airbus Defence & Space.
Certains observateurs s'interrogent sur les ambitions affichées par Helsing et sont réservés, attendant de voir si les commandes vont suivre.
Miser sur les drones produits en masse
Les premiers produits d'Helsing commencent à arriver sur le terrain. Le drone d'attaque HX-2 a déjà été éprouvé par les forces armées ukrainiennes: sur une première commande de 1.000 exemplaires, plus de la moitié a déjà été livrée. Un second contrat prévoit la production et la livraison de 6.000 aéronefs à partir du 2ème trimestre 2026.
Pour répondre au futur marché de la munition téléopérée, Helsing veut devenir indépendant en termes de production et d'approvisionnement, en cherchant à "européaniser" ses sources au maximum. Une gageure, alors qu'il serait quasi-impossible de se fournir uniquement en composants français ou européens.
Sur ce segment, l'entreprise européenne devra faire face à la concurrence, et notamment les projets déjà engagés par la DGA comme Colibri et Larinae, qui impliquent Novadem, Nexter, Delair et justement... MBDA.