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Bourget 2025: Dassault dévoile Vortex, son avion spatial destinées à des missions civiles comme militaires

L'avion spatial de Dassault Aviation baptisé Vortex

L'avion spatial de Dassault Aviation baptisé Vortex - Dassault Aviation

Le projet d'avion spatial de Dassault Aviation va bénéficier d'un soutien accru du ministère des Armées et de l'Agence spatiale européenne.

"J'ai le sentiment que cela n'intéresse personne", avait déclaré Éric Trappier en audition parlementaire il y a quelques semaines. Et pourtant. Le projet d'avion spatial de Dassault Aviation vient d'être mis en lumière au salon aéronautique du Bourget, qui se tient jusque dimanche.

L'avionneur français a signé avec le ministère des Armées une convention de soutien au développement d'un démonstrateur, et une lettre d'intention avec l'Agence spatiale européenne (ESA) "pour développer des relations plus étroites" en lien avec la conception de cet avion spatial.

Baptisé Vortex (pour Véhicule Orbital Réutilisable de Transport et d'Exploration), ces véhicules spatiaux seront "intrinsèquement duaux" (soit capables d'opérer aussi bien pour des missions civiles que militaires) et vont "transformer les usages du secteur spatial, ouvrir de nouveaux champs d'application".

L'engin devrait être capable de réaliser des missions aussi diverses que de la récupération d'objets, des largages, du transport de fret et de personnes vers des stations spatiales, mais également des recherches scientifiques…

C'est "la première étape d'une feuille de route" destinée à évoluer au fur et à mesure du développement et des technologies, indique Dassault dans un communiqué, avec l'ambition de créer "une famille d'avions spatiaux".

Un enjeu de souveraineté

La maquette exposée au "Space hub" du salon du Bourget a suscité l'intérêt des visiteurs. C'est un engin aux lignes rondes et épurées, des "winglet" comme sur les avions commerciaux, un aspect "molletonné" (conçu pour résister aux températures très élevées) et un slogan fort: "un atout stratégique pour la puissance et l'autonomie".

Un projet qui jusque-là se faisait discret dans les bureaux d'études de l'avionneur, mais qui est à présent sous le feu des projecteurs. Le patron de Dassault avait récemment levé le voile – sans développer davantage – sur ce concept lors d'une audition parlementaire, déclarant: "j'ai une idée précise en tête, j'en ai aussi la volonté".

L'idée est à présent publique, la volonté partagée par le politique. Car "le spatial se développe très rapidement" et pour Éric Trappier, pas question de se laisser distancer par les États-Unis ou la Chine: "il est fondamental que nous puissions également être présent".

Ces deux annonces concernant le Vortex sont dévoilées alors qu'Emmanuel Macron, en visite sur le salon, s'est exprimé au sujet du secteur spatial. Il a ainsi appelé l'Europe à "se battre" et à se donner les moyens de devenir une puissance spatiale, et a annoncé qu'une stratégie spatiale nationale serait dévoilée à l'automne, ainsi que l'organisation d'un Space summit en 2026.

Un premier démonstrateur de vol en 2028

Le programme est découpé en quatre phases:

  • Vortex-D sera un démonstrateur à échelle 1/3,
  • Vortex-S un engin à échelle 2/3,
  • Vortex-C un cargo à échelle 1
  • et enfin Vortex-M un engin habité.

La première étape vise notamment à lever les risques liés à une telle technologie, valider les principes de contrôle de vol et commencer l'intégration et les essais de certains systèmes, indique Dassault Aviation.

Selon les données recueillies, le démonstrateur à échelle 1/3 devrait mesurer 4 mètres de long pour une envergure de 2,5 mètres, ce qui ferait des Vortex-C et -M des engins d'environ 12 mètres avec une envergure de 6 à 7 mètres environ.

Un premier vol de démonstrateur est espéré pour 2028 et une première configuration opérationnelle pourrait être fixée dès 2031 – un objectif ambitieux, qui va nécessiter de fortes capacités de financement, selon un expert du secteur.

Le projet d'avion spatial et d'ores et déjà inclus dans le cadre de la Loi de programmation militaire 2024-2030, il est évoqué dans le volet "innovation", pour lequel est prévu un budget total de 10 milliards d'euros. La Loi de programmation militaire prévoit "des analyses technico-opérationnelles pur affiner les besoins".

Helen Chachaty