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Défense

L'Allemagne demande à la Chine d'arrêter de "braconner" ses anciens pilotes de chasse

Pour former son armée de l'air, la Chine recrute des pilotes occidentaux.

Pour former son armée de l'air, la Chine recrute des pilotes occidentaux. - Noel Celis

Lors d'une conférence sur la défense à Singapour, l'Allemagne a officiellement demandé à Pékin de mettre un terme au recrutement de ses anciens pilotes. Des pilotes britanniques, français et américains sont également devenus formateurs en Chine.

Pour former les pilotes de son armée de l'Air, la Chine recrute d'anciens pilotes de chasse Français, Britanniques, Américains, mais aussi Allemands. Samedi, en marge d'une conférence sur la défense et la sécurité à Singapour, l'Allemagne a officiellement demandé à Pékin de mettre un terme à cette méthode qualifiées de "braconnage", selon une information de The Defence Post.

Berlin estime surtout que cela pose un problème de sécurité pour l'Otan et craint que les pilotes révèlent des secrets de l'alliance. Ces anciens de la Bundeswehr qui pilotaient des Eurofighter auraient participé à des exercices de l'OTAN et "pourraient "trahir des secrets d'Etat".

Payés via des sociétés fictives

À Singapour, Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense, a déclaré à Li Shangfu, son homologue chinois, qu'il fallait que "cette pratique cesse immédiatement".

"Je lui ai dit qu'il ne serait probablement pas très content non plus si j'essayais de faire la même chose", a déclaré Boris Pistorius à la presse allemande.

Le ministre chinois n'a pas "nié, mais a minimisé l'importance", de ces recrutements, rapporte le ministre allemand.

Selon une enquête de Der Spiegel et de la chaine ZDF, les pilotes allant travailler pour la Chine, dont le nombre n'a pas été révélé, auraient été payés via des sociétés fictives aux Seychelles.

"La formation des pilotes en Chine a commencé il y a un peu plus de 10 ans, avec un ancien pilote de la Bundeswehr déclarant un poste à la Test Flying Academy d'Afrique du Sud, qui forme des pilotes chinois", indique Der Spiegel.

Le recrutement de pilotes occidentaux a été révélé par des médias en octobre 2022. Ils travailleraient pour les forces aériennes de l’APL (Armée populaire chinoise), mais aussi pour la Hongdu Aviation Industry Corporation, constructeur du JL‑10. Leur mission serait d'enseigner aux pilotes chinois les tactiques de combat aériens des armées de l'air de l'Otan.

20.000 euros nets par mois

Une trentaine d'anciens pilotes de chasse ou d'hélicoptère de la Royal Air Force seraient instructeurs en Chine révélait Sky News. Leur salaire serait de l'ordre de 20.000 euros nets par mois. Londres a reconnu que rien ne les empêchait légalement d'accepter ces contrats, mais qu'elle tenterait de les dissuader de participer à l'effort de guerre chinois.

Selon une enquête publiée par Le Figaro, les pilotes français de l'aéronaval seraient très prisés par l'APL de fait de leurs compétences sur des porte-avions. La Chine chercherait à former entre 100 et 150 pilotes d'aéronavale dans la prochaines décennies. L'an dernier, la Chine a mis à l'eau le "Fujian", son troisième porte-avions et le premier à disposer de catapultes pour propulser les avions.

"L'offre était très alléchante. Ils cherchent des instructeurs qualifiés pour l'appontage sur porte-avions", expliquait au Figaro un ancien pilote de Super Étendard sur le Charles de Gaulle qui a refusé l'offre de l'APL.

Le ministère des Armées a annoncé son projet de renforcer les restrictions pour ses pilotes après la fuite d'une vidéo d'un ex-membre de la chasse française sur les réseaux sociaux.

Les candidats à la formation de militaires chinois devront obtenir une "autorisation préalable". Cet impératif a été inscrit dans l'article 20 du projet de loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 après une alerte du député Jean-Louis Thiériot.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco