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ÉDITO. La politique de Michel Barnier sera-t-elle pro-business?

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Réponse avec notre classement des mesures pro-activité et anti-croissance annoncées dans le discours de politique générale du nouveau Premier ministre.

Parfois, la politique peut faire du bien à l’économie. Comme quand elle préserve la stabilité fiscale. Mais souvent, les politiques qui ne comprennent pas grand-chose à l’entreprise prennent des décisions orthogonales avec la logique économique.

Alors j’ai classé les annonces du discours de politique générale de Michel Barnier en deux catégories: l’économètre pour mesurer les arbitrages favorables et le déconomètre pour tout ce qui est nocif à la création de richesse.

Alors du côté positif, qu’est-ce qu’on retrouve?

Tout d'abord un discours de vérité sur l’état des finances publiques. Je retiens deux chiffres: une dépense publique qui a augmenté de 5.000 euros par Français depuis 2019 et le montant stratosphérique de 3.228 milliards de dette. Ce n'est pas la "chasse aux doublons, aux inefficacités, aux fraudes et aux abus du système" évoquée par Michel Barnier qui va permettre de radicalement changer la donne.

Également, la défense du nucléaire avec une énergie peu chère abondante et décarbonée. Très bien.

Enfin, la reprise en main, et c'est une surprise, d’un dossier brûlant abandonné par l’ancien gouvernement: la crise de l’immobilier. Matignon souhaite simplifier le diagnostic de performance énergétique et revoir son calendrier d'application. Michel Barnier promet en outre de revenir sur la politique de "zéro artificialisation nette", et a évoqué une extension du PTZ ainsi que la relance de l’investissement locatif. C'est heureux.

Et côté négatif?

L’aiguille du déconomètre s’agite à la vue du programme fiscal en préparation. Il paraît que l'effort demandé sera "limité dans le temps", mais le redressement va durer un quinquennat. Et 2029, c’est loin, très loin pour revenir sous les 3% de déficit.

Petite perle, ainsi, que cette "participation au redressement demandée aux grandes entreprises qui réalisent des profits importants, sans remettre en cause notre compétitivité". Déconomètre puissance 10. Les entreprises françaises sont parmi les plus taxées au monde, replonger dans cette addiction nocive à l’impôt ne pourra que pénaliser notre compétitivité.

L’Edito de Raphael Legendre : La DPG sur le grill de l'efficacité économique - 02/10
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Idem pour la "contribution exceptionnelle pour les Français les plus fortunés" qui est l’équivalent d’un rétablissement de l’ISF (soit 3 milliards d'euros).

Enfin, évoquer la lutte contre la fraude fiscale et sociale est enfin l’argument de ceux qui, en général, n’ont aucune idée pour financer leurs dépenses nouvelles. Une expression valise. La solution magique qu’on met à toutes les sauces.

Raphaël Legendre