EDITO. Impôts: les toxicomanes de l'État réclament leur dose

Que les lecteurs me pardonnent cet énième éditorial sur le Budget, mais nous sommes le 1er octobre. Et si l’événement politique du jour, c’est bien sûr la déclaration de politique générale de Michel Barnier, c'est aussi la date à laquelle, en temps normal, Bercy aurait dû déposer le projet de loi de finances 2025 à l’Assemblée.
On sait depuis quelques jours qu’il va falloir attendre "la semaine du 9 octobre" pour savoir précisément à quelle sauce fiscale ménages et entreprises vont être mangés. Mais comme les textes doivent partir de toute urgence au Haut conseil pour les finances publiques et au Conseil d’État, on commence à voir ce qui se profile.
Et franchement, ce n’est pas beau à voir. L'équivalent du début du quinquennat Hollande: 15 à 18 milliards de hausses d'impôts, indiquent ce matin nos confrères du Parisien. Une vingtaine de milliards avançait même Le Figaro, il y a quelques jours.
Plusieurs pistes sur la table
Il faut se préparer à un véritable choc fiscal, dont voici les grandes lignes :
- Triplement de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, qui débute à 250.000 euros pour un célibataire et 500.000 euros pour un couple. Trois milliards d’euros de recettes sont attendues. L’équivalent d’un rétablissement de l’ISF.
- Retour en février de la TICFE, la taxe sur l'électricité, à son niveau d'avant-crise énergétique. Ce sera 3 milliards supplémentaires.
- Une surtaxe d’impôt sur le sociétés pour les grandes entreprises: 8 milliards.
- Une contribution sur les énergéticiens: 3 milliards.
- Une taxe sur les rachats d’actions: 300 millions.
- Le nettoyage des niches fiscales qui sont autant de hausses d’impôts.
Cette litanie fiscale, qui avoisine la vingtaine de milliards, n’est vraiment pas une bonne nouvelle pour la suite, alors que d'autres voies existent redresser pour la trajectoire budgétaire.
Dernier shoot fiscal
Soit on répare la maison en reprenant les fondations, en traitant ce qui dérape, c’est-à-dire l’explosion incontrôlée des dépenses depuis la crise des Gilets jaunes. Cela passe alors par des économies structurelles, pérennes, adaptées à notre niveau de recettes.
Soit on colle une rustine en se faisant un dernier shoot fiscal. C’est la solution de facilité. Temporaire, promet Bercy, bien sûr! Juste une dernière taxe, après on arrête, promis juré.
Mais qui croit encore ces toxicomanes de la dépense et de l’impôt? Comment ces hausses peuvent-elles être temporaires alors que l’effort que l’on doit réaliser en 2025, devra être répété chaque année pendant encore quatre ans? La hausse de la pression fiscale ne fait qu'augmenter.
On va voir ce qu’en dit Michel Barnier dans sa déclaration de politique générale. À chaque fois que le Premier ministre brandira le principe de "justice fiscale", c’est votre feuille d’impôt qui s’alourdira.