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"On s'entend bien, on se respecte": pourquoi Laurent Berger et Philippe Martinez s'affichent ensemble sur BFMTV

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Mettant de côté leurs inimitiés passées, les dirigeants de la CGT et de la CFDT font front commun et veulent faire du mouvement contre la réforme des retraites une tribune en faveur du syndicalisme en France sur le déclin depuis des années.

La hache de guerre est (momentanément ?) enterrée. Il semble loin le temps où Laurent Berger dénonçait avec véhémence les intrusions au siège de la CFDT de la part de manifestants de la CGT lors de la précédente tentative de la réforme des retraites.

Place désormais à l'union syndicale, symbolisée ce midi par l'interview donnée ensemble à BFMTV par les deux dirigeants syndicaux. Mobiliser les troupes et parler d'une seule voix, tel est le message qu'ont tenu à faire passer ce midi Laurent Berger et Philippe Martinez.

"On s'entend bien, on se respecte depuis toujours même quand on exprime des désaccords, assure le numéro 1 de la CFDT.

"Nous sommes deux syndicalistes très préoccupés de la situation des travailleurs et des travailleuses, humainement ça se passe bien, je préfère être copain avec Philippe Martinez qu'avec beaucoup d'autres", poursuit-il.

Entre la CFDT réformiste et la CGT qui privilégie l'affrontement, les relations ont souvent été houleuses tout au long de leur histoire plus que centenaire. Et si les deux principaux syndicats français ont parfois fait front commun comme en 1966 avec un pacte d'unité d'action, leurs dirigeants respectifs ont toujours pris soin de ne pas s'afficher ensemble sur un plateau de télé, même lorsqu'ils faisaient front commun en 2006 contre le contrat première embauche ou en 2010 contre la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy.

"On se parle autant que nécessaire"

"Les travailleurs et travailleuses connaissent nos points de désaccord et on les assume, reconnaissait ce midi Philippe Martinez. Ce qu'ils attendent c'est qu'on se mette d'accord sur un objectif commun."

L'actuelle réforme a ressoudé la relation qui était jusqu'alors plus que distante entre les deux dirigeants.

"Dès le début où on a été amené à se rencontrer -car on ne se connaissait pas avant- un point nous rassemblait: notre capacité à parler du travail concret, explique Laurent Berger. On n'est pas en train de vous dire non plus que demain on va fusionner."

Conscient que leurs bases de militants restent marquées par les oppositions passées, les deux syndicalistes restent toutefois peu diserts sur leur relation personnelle.

"On se parle autant que nécessaire, on échange quand il y a besoin", se contente de dire Philippe Martinez.

10.000 nouvelles adhésions

Outre l'opposition à la réforme, les deux dirigeants veulent faire de cette mobilisation c'est une grande tribune "pro-syndicats". Le taux de syndicalisme en France est en effet un des plus faibles au sein de l'OCDE. Il est passé de 11% à 10,3% entre 2013 et 2019 et il est même tombé sous les 8% dans le privé. Il dépasse les 16% en Allemagne et même les 32% en Italie.

Alors qu'une majorité de Français sont opposés à la réforme et souhaitent un blocage du pays le 7 mars, Laurent Berger et Philippe Martinez veulent redorer l'image des syndicats en jouant du "tous unis contre le gouvernement".

"On a une même conception du syndicalisme: un syndicalisme de proximité à l'écoute du monde du travail", assure Philippe Martinez.
"On montre qu'on est au centre du mouvement social en réponse à des préoccupations concrètes des travailleurs", renchérit Laurent Berger.

Les deux s'enorgueillissent de la croissance de leur nombre d'adhérents: 10.000 pour la CFDT depuis le début du mouvement. "10.200 à la CGT en janvier", précise Philippe Martinez. Unis mais toujours un peu rivaux quand même.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco